Nicolas Sarkozy voulait régler le cas de la Grèce avant la réunion des chefs d’Etat de Cannes pour aborder des questions beaucoup plus glamour et politiques. Peine perdue…
George Papandréou et, dans une moindre mesure, Silvio Berlusconi, ont gâché le sommet du G20 de Nicolas Sarkozy. Le président français voulait que le rendez-vous de Cannes permette de poser les questions de fond de la mondialisation et qu’une relance de la coopération internationale se manifeste alors qu’une crise économique et financière pointe à nouveau son nez (à moins que ce soit celle de 2008 qui se rallume, jamais réellement éteinte…).
Peine perdue puisque le sommet de Cannes a surtout été accaparé par le naufrage de la Grèce et le coup à la Pyrrhus de son premier ministre qui, après avoir fait mine d’accepter un nouveau plan de redressement, s’est empressé d’annoncer l’organisation d’un référendum avant de revenir en arrière dans une irresponsabilité totale. Sans oublier les atermoiements du premier ministre italien qui, comme dans une mauvaise comédie transalpine, promet tout et n’importe quoi tout en agissant pas ou peu.
Dès lors, l’Europe est bien apparue comme «l’homme malade» de la mondialisation et a du convaincre ses partenaires et néanmoins concurrents, de son sérieux et de sa volonté de se sortir de ses problèmes qui pourraient entraîner l’économie mondiale dans le gouffre.
Si les Etats-Unis ont leur sort lié à l’Europe dans cette histoire, c’est vrai aussi des grands pays émergents, à commencer par la Chine, qui a tout intérêt que son premier client, l’Union européenne, ne s’écroule pas. Mais cela ne veut pas dire que ceux-ci ne vont pas profiter des déboires des Européens pour se renforcer, acquérir des positions plus fortes et peser de plus en plus sur les décisions au niveau mondial, notamment dans le cadre du G20 mais également dans toutes les instances internationales.
Du coup, c’est bien à un début d’affaiblissement historique de l’Union européenne auquel on a sans doute assisté à Cannes, très loin d’une présidence flamboyante de la France du G20…
Au-delà de la crise de la zone euro, on a aussi parlé régulation financière, taxe sur les transactions financières, régulation des marchés des matières premières (notamment alimentaires), réforme du FMI et du système monétaire international avec des décisions au niveau des taux de change (en particulier celui du yuan notoirement sous-évalué) et aide au développement.
Reste que peu de décisions concrètes ont été prises. On peut néanmoins noter que le Conseil de stabilité financière, dont le rôle a été renforcé (il a été doté, en outre, d'une personnalité juridique) a dressé une liste de vingt-neuf établissements financiers à réformer pour éviter qu’ils deviennent une menace pour la stabilité du système financier international.
Alexandre Vatimbella
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