L’Organisation mondiale du commerce est à un tournant de son existence. Mais les projections sur un possible accord à propos du cycle de Doha en décembre prochain ne sont pas optimistes.
Une note du CEPII (Centre d’études prospectives et informations internationales) analyse les possibilités d’un accord en décembre prochain lors de la prochaine réunion de l’OMC sur le cycle de Doha (qui concerne l’agriculture, les services et, surtout, l’accès aux marchés non agricoles) qui a débuté en novembre 2001 et qui va d’échec en échec.
Mais si celles-ci existent, il semble qu’elles demeurent hautement hypothétiques tant les intérêts de beaucoup de pays membres sont en jeu (et qu’il faut une unanimité pour aboutir).
Du coup, c’est l’existence même de l’organisation ou, tout au moins, sa capacité à être autre chose qu’un simple forum de discussion, qui est en jeu avec le risque de voir réapparaître, uniquement, des accords bilatéraux et régionaux, une sorte de régression de la mondialisation en matière de commerce.
Lors d’une conférence de presse, l’économiste du CEPII, Lionel Fontagné a ainsi estimé que le blocage ne vient pas spécifiquement d’un pays ou d’un groupe de pays mais de la manière de négocier: «On ne peut pas négocier à cent-cinquante en assemblée générale. Il vaudrait mieux discuter, pour chaque problème particulier, avec les pays concernés. Cela ne sert à rien, par exemple, dans le secteur des services de parler avec les pays subsahariens qui n’ont aucun intérêt particulier à défendre».
De même, «le manque de volonté politique d’aboutir est partout». Cela dit, les pays qui ont le moins à gagner à la conclusion d’un accord est, selon Lionel Fontagné «les pays européens et, surtout, les Etats-Unis». Mais, note-t-il, «l’Union européenne est la région la plus conciliante».
Il ne faut pas oublier qu’aucun pays «ne va aux négociations pour ouvrir ses marchés mais pour en conquérir de nouveaux avec une vision purement mercantiliste». Pour autant, il y a, malgré tout, des résultats.
Pour Lionel Fontagné, il faut sauver l’OMC, car «c’est le seul endroit où l’on peut régler des différends commerciaux sans se faire une guerre commerciale».
Et de conclure: «On a vraiment besoin de la crédibilité de l’OMC».
Alexandre Vatimbella
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