«Occupy Wall Street» n’a sans doute pas inventé l’indignation démocratique. Ni même le «printemps arabe» ou les indignés de la Puerta del Sol de Madrid – qui pourtant le revendiquent -, Stéphane Hessel ou les Altermondialistes. Mais ils sont tous des mouvements naturels qui naissent lors de transformations plus ou moins radicales de la société sans qu’ils soient d’ailleurs contre cette transformation mais plutôt contre son utilisation par certains ou contre ses effets néfastes. Ainsi, le slogan fédérateur de tous les mouvements des indignés est «United for a global change» (Unis pour un changement global), un mot d’ordre très mondialisé…
Les indignés de New York ne sont, ainsi, certainement pas contre une culture métissée ou une mondialisation médiatique dont ils se nourrissent et qu’ils propagent d’ailleurs par le biais de canaux mondialisés. Ils sont contre une certaine globalisation économique, celle qui permet au 1% de la population («nous sommes les 99%» est leur slogan) de s’enrichir sur le dos des autres, les plus nombreux, mais pas celle qui multiplie les échanges à travers la planète et qui est, quoiqu’en dise, un facteur de paix.
Et ils ont le soutien des habitants de Big Apple. Selon un sondage que l’université de Quinnipiac, 67% des newyorkais sont d’accord avec le ressentiment d’Occupy Wall Street vis-à-vis du monde financier. 73% sont même pour une plus grande régulation des établissements bancaires.
Bien sûr, la résonnance de «Occupy Wall Street» qui est le dernier en date des mouvements d’indignation vient de ce qu’il se situe dans la capitale mondiale et mondialisée emblématique (ce n’est pas pour rien que les terroristes rétrogrades se sont attaqués à elle), New York, et dans la principale puissance mondiale, qui plus est, une démocratie (difficile d’imaginer «Occupy Red Place» à Pékin…).
Cette indignation mondialisée veut dire que le phénomène de la mondialisation doit être équilibré, qu’il doit être démocratique et qu’il doit permettre à tous d’en profiter et que, tous, sociétés civiles, Etats, individus, acteurs économiques privés et publics, etc. doivent agir en ce sens avec toute la responsabilité nécessaire.
Bien sûr, on trouvera des revendications extrêmes, utopistes, irréalisables, mensongères et même stupides dans tout ce que demandent les indignés de la planète, sans oublier des demandes paradoxales. Cependant, le fond du mouvement veut un monde ouvert et fraternel.
Ce qui, rappelons-le, est depuis toujours la recherche des deux principales pensées politiques de la démocratie, le libéralisme et le socialisme qui ont toujours prôné un universalisme et un solidarisme de tous les habitants de la terre.
Certains espèrent que les indignés seront capables de se structurer. Est-ce réellement nécessaire? Quoiqu’on en pense, les mouvements de 1968 à travers le monde ont échoué à devenir une force politique cohérente. Mais ils ont irrigué toutes les sociétés du monde, acquérant certainement plus de puissance qu’aurait pu avoir quelques partis politiques disséminés dévoyant leur message libertaire.
C’est aussi pourquoi il sera très difficile à qui que ce soit de récupérer le mouvement. On ne sait si Barack Obama le souhaite. Mais il serait sage pour lui de ne pas écouter certains de ses conseillers qui le pensent. D’autant que le président américain a, à son crédit, une loi de régulation des établissements financiers dont il pourra se prévaloir le moment venu sans besoin d’aucune récupération.
Alexandre Vatimbella
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