L’Unesco accueille pendant trois jours un colloque à Paris qui s’intéresse à un concept qui veut humaniser l’économie par les cultures.
L’«économie mauve» est promue par une association, Diversum. Celle-ci veut médiatiser le système économique mondial par la culture et, plus particulièrement, les cultures du monde entier afin de l’humaniser mais aussi de permettre à ces dernières de s’insérer comme éléments de cette économie.
La problématique est de savoir, au-delà du but humaniste poursuivi, si les cultures ne sont pas plutôt des facteurs de division de la communauté mondiale et un frein à une mondialisation rassembleuse.
Se battre pour les différences et la diversité par le développement de cultures locales qui se font face ne revient-il pas, in fine, à dresser des barrières entre les humains avec une vision identitaire exclusive qui fractionne plutôt que d’être une émulation libératrice qui rassemble?
Et la culture mondialisée contre laquelle se bat Diversum n’est peut-être pas l’hydre qui va écraser les différences culturelles mais, au contraire, un énorme brassage qui va permettre justement à toutes les cultures de se rencontrer et à tous les phénomènes culturels de pouvoir s’inscrire dans la mondialisation, notamment la globalisation économique.
Les défenseurs des cultures nationales, par exemple, oublient trop souvent que celles-ci ont été les fossoyeuses de cultures locales et régionales dont certaines ont été incapables de survivre au rouleau compresseur du nationalisme triomphant. Ce n’est pas pour rien que certains défenseurs de cultures locales du vieux continent ont vu dans la politique régionale de l’Union européenne une chance pour celles-ci de ne pas disparaître face aux menées de l’Etat centralisateur.
Pour autant, chacun, dans quelque collectivité que ce soit, reçoit une culture qu’il fait sienne en la différenciant de celle de son voisin. Et à l’heure de la mondialisation et au métissage des cultures, cela permet de créer une diversité quasi-infinie et qui permet à l’individu d’être le propre maître de ses référents culturels.
Reste le combat d’humaniser l’économie qui fait partie de l’action de Diversum. Celui-ci est une nécessité car les Etats, depuis longtemps, ont récupéré la culture pour en faire un «softpower», même si cette appellation nouvelle d’une vieille pratique est très à la mode en ce début de XXI° siècle. Mais ce softpower est loin d’être innocent d’une volonté de pouvoir au profit d’un pays et de ses intérêts pas toujours pacifiques.
Par ailleurs, on ne peut que souscrire à l’affirmation de Jean Musitelli, le président de Diversum: «il n’y a pas de développement durable sans la culture».
Alexandre Vatimbella
© 2011 LesNouveauxMondes.org