La Chine est vent debout contre les sénateurs américains qui ont voté un texte instaurant des mesures protectionnistes pour contrer le dumping monétaire de Pékin.
Même s’il faut que la Chambre des représentants adopte également ce texte et qu’ensuite le président Barack Obama le promulgue, la décision du Sénat américain est une première.
A l’instigation de sénateurs, à la fois démocrates et républicains, et sous la houlette de Charles Schumer (démocrate de New York) et de Lindsay Graham (républicain de Caroline du Sud), deux hommes politiques en pointe depuis longtemps sur cette question, la chambre haute du Congrès a voté une loi obligeant le président des Etats-Unis d’imposer des droits de douane à des produits chinois (en dehors d’une liste où il peut se décider librement) s’il est avéré que le yuan est manipulé afin que son taux de change lui soit avantageux vis-à-vis du dollar.
Le passage de ce texte qui est, pour l’instant, plus une manière pour les élus de montrer qu’ils ne restent pas sans rien faire devant une situation que les Américains supportent de moins en moins face au ralentissement de l’économie et à la persistance d’un fort taux de chômage, a, évidemment, enragé les autorités chinoises qui sont immédiatement montées au créneau.
Que ce soit le ministère du Commerce, la Banque populaire (la banque de réserve) ou le ministère des Affaires étrangères, les critiques nombreuses ont été particulièrement virulentes. La presse officielle a évidemment relayé cette réaction à la mesure des craintes de Pékin.
Car la Chine tente depuis des années d’empêcher toute réelle mesure de rétorsion à l’égard de sa politique monétaire qui est de sous-évaluer le yuan malgré ses dénégations auquel personne ne croit, même ceux qui l’approuvent. Elle y est parvenue jusqu’à présent en mélangeant positions fermes, ruses et accommodements. Si cette loi été votée, ce n’est pas tellement les effets réels qu’elle induirait sur les exportations chinoises qui seraient le plus inquiétant pour Pékin mais plutôt la brèche qui serait ouverte dans cette résistance opiniâtre à tout «diktat» venant de l’extérieur. Et, pire encore, les autorités «perdraient la face»…
Alexandre Vatimbella
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