Après la Chine, l’Inde et la Russie, le Brésil connait à son tour des rassemblements populaires contre les malversations entre politiques, hommes d’affaires et mafia.
Tous les grands pays émergents sont touchés par le ras-le-bol des populations face à la corruption endémique de leurs dirigeants. Ainsi, dans tous les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), des manifestations ont eu lieu ces derniers temps pour dénoncer ces agissements et demander, à la fois, des sanctions et une gouvernance honnête.
Pendant que les citoyens qui réclament de la morale sont emprisonnés en Chine, et matraqués en Russie, ils deviennent de plus en plus nombreux en Inde alors qu’au Brésil la mobilisation débute et grossit inexorablement.
Ce phénomène populaire ne peut que se renforcer tant la corruption est endémique dans les grands pays émergents et pas seulement ceux des Bric.
Mais si cela n’est guère nouveau, le développement économique de ces pays a créé une classe moyenne de plus en plus éduquée et aux revenus en progression qui accepte de moins en moins les pratiques mafieuses de leurs politiques et de leurs milieux d’affaires.
Une manifestation anti-corruption doit avoir lieu aujourd’hui à Rio de Janeiro, au Brésil, après que la première du genre, dans la capitale Brasilia, ait réuni quelques 30.000 personnes. Pendant ce temps, en Chine, un internaute (dont le compte a été depuis fermé alors qu’il avait été félicité par l’agence de presse officielle Xinhua!) a zoomé les photos des officiels afin de montrer que la plupart portaient aux poignets des montres coûtant jusqu’à plus de 10.000 euros… En Inde, dans la foulée de la grève de la faim anti-corruption de l’activiste Hanna Hazare, la mobilisation contre les pratiques traditionnelles des hommes politiques de se remplir les poches ainsi que celles de leur parti, ne faiblit pas.
Ces mouvements démontrent que la sortie de la pauvreté de ces sociétés se poursuit et que la conscience de la nouvelle classe moyenne est un moteur de développement non-négligeable. Mais c’est aussi une menace pour es pouvoirs en place, qu’ils soient démocratiques ou autoritaires.
C’est pour cela que l’Inde va enfin voter une loi anti-corruption attendue depuis des décennies et que les caciques du Parti communiste chinois multiplient les déclarations sur la priorité donnée à la lutte contre les malversations.
Selon une étude récente d’un organisme indépendant, la corruption a coûté vingt-trois milliards de dollars de 2002 à 2008 au Brésil. Quant à la Russie, l’ONG Transparency International a évalué le «marché de la corruption» à près de 50% du PIB du pays alors que le parquet fédéral, en 2006, estimait celui-ci à l’équivalent du budget de l’Etat, soit 240 milliards de dollars…
Alexandre Vatimbella
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