Demain, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord pourrait se transformer en alliance politique des démocraties pour permettre à ses membres de peser d’un poids conséquent dans la mondialisation. C’est en tout cas la thèse de Jeremy Ghez.
Jeremy Ghez, l’éditeur de La nouvelle revue Géopolitique, un nouveau trimestriel consacré, comme son nom l’indique, à la géopolitique, est un grand défenseur du lien entre les Etats-Unis et l’Europe qu’ils voient comme les deux interfaces du monde démocratique dans le monde.
Et, c’est tout naturellement, que dans le premier numéro de la revue, il consacre une étude à l’Otan, «seul forum commun aux alliés historiques des deux rives de l’Atlantique et qui, avec l’Union européenne, définit ses critères d’entrée en fonction du respect des droits de l’homme et des principes démocratiques» et à sa nécessité de se réinventer.
Selon le professeur d’économie et d’affaires internationales à HEC, cette Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, créée au moment de la guerre froide pour défendre la démocratie libérale n’est pas obsolète et dépassée mais elle «détient encore une capacité significative de coordination des efforts politiques et militaires».
Néanmoins, il convient de redéfinir ses missions dans un monde où «la diversité des défis (…) rend la définition de l’ensemble des aléas auxquels les Etats-Unis et l’Europe doivent faire face difficile et incertaine».
Pour Jeremy Ghez, «il ne s’agirait plus seulement de réformer le fonctionnement pratique de l’organisation mais de la doter également d’un nouveau logiciel intellectuel pour permettre à ses Etats-membres d’appréhender l’émergence d’un nouvel ordre mondial».
Et l’Otan pourrait devenir cette fameuse «Ligue des Démocraties» que certains, aux Etats-Unis et en Europe parmi les politiques de premier plan, souhaiteraient voir le jour. Comme l’explique l’universitaire, «le principal but de cette ligue serait le renforcement du caractère démocratique et libéral du système international». Une mission qui ne peut être que soutenue.
Evidemment, Jeremy Ghez ne sous-estime pas les préventions voire les fortes oppositions à la définition d’un rôle politique de l’Otan, notamment en Europe, et, donc, à un rapprochement entre les deux rives de l’Atlantique.
Cependant, il sait aussi qu’aujourd’hui «l’Europe manque d’alternatives». Et, «la principale menace qui plane sur l’organisation n’est pas la tentation impériale des Etats-Unis mais l’inertie européenne. La panne actuelle du projet de construction de l’Union européenne, si elle mène à l’immobilisme et au rejet systématique de projets parallèles, signifierait l’effacement total du Vieux Continent».
Et Jeremy Ghez nous convint, in fine, avec brio que «la redéfinition du projet politique commun à l’Europe et aux Etats-Unis n’est donc pas une chimère mais l’un des enjeux stratégiques principaux actuels». D’autant que, selon lui, il existe «une véritable communauté politique entre les deux rives de l’Atlantique qui se fonde sur une identité commune».
Alexandre Vatimbella
© 2011 LesNouveauxMondes.org
La nouvelle revue Géopolitique, numéro un, juillet-septembre 2011, 10€