Dans son dernier numéro, la revue Géoéconomie se demande si l’industrie cinématographique va voir ses cartes redistribuées avec l’arrivée de nouvelles techniques mais surtout de nouveaux acteurs comme les pays émergents.
Oui, Hollywood domine toujours le cinéma mondial, qu’on n’en soit satisfait ou qu’on lé déplore. Les chiffres, rappelés dans ce numéro de Géoéconomie intitulée «Cinéma: le déclin de l’empire américain?» en font foi.
Ainsi, le cinéma américain détient 86% à 90% des parts du marché mondial selon les années. Et s’il produit nettement moins de film que l’Inde et son Bollywood et que la Chine lui interdit largement l’accès à son territoire en violation des règlements de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), il rapporte plus de devises (un solde positif de 11,7 milliards de dollars en 2007) aux Etats-Unis que les secteurs des télécommunications, du management/consulting, légaux, médicaux, informatiques et des assurances selon les chiffres de l’industrie cinématographique américaine citée par Nolwenn Mingant, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Paris III.
Cependant, le XXI° siècle, tout en étant celui du numérique, pourrait aussi être celui de l’éveil des cinémas des pays émergents comme le constate Régine Hatchondo, directrice générale d’Unifrance (organisme chargé de promouvoir le cinéma français): «la mondialisation à l’œuvre dans toutes les branches d’activités et dans les comportements des citoyens du monde entier, la standardisation des goûts à l’échelle mondiale, l’explosion économique des pays émergents représentant des capacités d’investissement colossales concentrées sur quelques grands groupes industriels, la disparition virtuelle mais réelle, grâce au numérique, des frontières de l’image, le désir d’un pays de maîtriser son image, à travers son cinéma en particulier, créent une situation qui peut sembler effrayante mais qui est aussi riche d’enjeux».
Et Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS, donne la clé pour un pays qui souhaite devenir un acteur important de cet univers cinématographique en plein chambardement: «pour ‘briller’ dans le concert des nations, un pays est incité à développer à grande échelle son industrie filmique. L’Inde, les Etats-Unis, la France, ces trois pays l’ont fait. Comment ont-ils procédé? Derrière chacune de ces réussites, on observe une subtile mobilisation de la société civile et de la puissance étatique, signant une véritable passion pour le 7° art».
Alexandre Vatimbella
© 2011 LesNouveauxMondes.org
Cinéma: le déclin de l’empire américain, revue Géoéconomie, été 2011, 20 €