Plus de mondialisation et une meilleure mondialisation ne sont pas antinomiques, au contraire, cela va de pair.
De nombreux commentateurs et politiques affirment, ces derniers temps, qu’une meilleure mondialisation passe par moins de mondialisation, par cette capacité que l’on redonnerait aux Etats, aux nations et aux cultures locales de peser sur le global voire de se protéger des «mauvaises» intrusions du village global dans leur sphère de compétences.
Or, rien n’est moins vrai. Ce n’est pas parce que l’on va redonner du pouvoir au national que le mondial s’en trouvera meilleur. Aurait-on oublié les ravages d’un monde divisé? Aurait-on oublié que l’union de l’Europe, une mini-mondialisation, a éloigné le spectre de la guerre fratricide entre peuples du Vieux continent? Aurait-on oublié que la mondialisation a ouvert des espaces de coopération et de compréhension entre les hommes et les femmes à travers la planète? Aurait-on oublié tous ceux qui sont sortis de la pauvreté grâce à la globalisation de l’économie? Et ce ne sont que quelques exemples.
C’est plutôt en transférant plus de pouvoir au mondial, à une gouvernance mondiale, que l’on va pouvoir mieux organiser le monde, que l’on va pouvoir édicter de meilleures régulations afin d’organiser la mondialisation, que l’on va empêcher la machine à broyer de l’humain et à opposer les cultures de poursuivre impunément son œuvre et à s’appuyer sur le phénomène de la mondialisation pour s’en servir à des fins qui n’ont rien à voir avec la construction d’une vraie communauté mondiale.
Les êtres humains ont toujours été plus forts et plus civilisés en s’unissant et en s’organisant pour préserver la liberté dans la solidarité.
Ce qui s’est passé dans les communautés locales, dans les communautés nationales, se passera de même dans la communauté mondiale en cours d’édification.
Organiser la sphère mondiale au profit de l’humain en la développant, voilà le vrai challenge de l’humanité et non de se recroqueviller dans des communautés morcelées aux attitudes protectionnistes qui se font face, se regardent en chien de faïence, s’opposent et, parfois, s’entretuent dans des bains de sang.
En matière de mondialisation, le mieux va obligatoirement de pair avec le plus.
D’autant que moins de mondialisation de donnera pas plus de force aux cultures locales. C’est en faisant émerger des individus culturellement métissés, capables, chacun d’eux, de créer leur propre culture, que l’on multipliera à l’infini la diversité culturelle (et que l’on parviendra à perpétuer la diversité culturelle) et que l’on fera en sorte que chaque individu sera capable, librement, de respecter la culture de l’autre, de la partager et de l’enrichir, donc de respecter l’autre.
La mondialisation, ce n’est pas seulement la libération des marchés financiers mais c’est aussi tout un phénomène politique, économique, financier, social et culturel.
Plus on mondialisera, plus on globalisera, plus on régulera au niveau mondial, plus on organisera, plus on adoptera de règles au niveau international, plus on obtiendra un consensus au niveau mondial, plus la mondialisation et la globalisation seront meilleures.
Ne laissons pas passer cette chance de construire la vraie mondialisation, qu’elle soit économique, financière, politique, culturelle, sportive, artistique, etc. afin qu’elle irrigue dans sa diversité d’appréhension par chacun de nous un monde de plus en plus large et à la culture de plus en plus profonde et aux solidarités de plus en plus fortes. Un monde de paix, de partage capable d’apporter la vie bonne aux quatre coins de la planète.
C’est sans doute cela la véritable utopie qui est devant nous, celle qui peut mobiliser les peuples à l’avenir actuel incertain et aux angoisses existentielles d’une possible finitude proche que nous rabâchent les prophètes de malheur et les ennemis du progrès, le vrai, celui qui apporte le bien être et qui lutte contre tout ce qui empêche l’être humain d’en profiter.
Alexandre Vatimbella
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