L’accident dramatique du TGV Pékin-Shanghai montre que la technologie chinoise n’est pas au point mais que, plus grave, le Parti communiste semble incapable de gérer de tels projets avec toutes les fiabilités et les sécurités nécessaires et indispensables.
Ce n’est pas un vulgaire accident de train, aussi dramatique soit-il avec ses quarante victimes selon un dernier bilan publié aujourd’hui, mais bien un événement de première importance qui s’est produit sur la ligne à grande vitesse emblématique reliant la capitale du pays, Pékin, à sa capitale économique, Shanghai.
Et cela à plus d’un titre. D’abord, il marque la limite de la technologie chinoise tant vantée par le Parti communiste mais aussi par beaucoup d’observateurs occidentaux aveuglés par les paillettes du «miracle chinois» et malgré les mises en garde de nombreux experts sur ce faux-semblant.
Ensuite, il marque la défiance de plus en plus grande de la population vis-à-vis des autorités. Car cet accident est loin d’être le premier sur le réseau à grande vitesse du pays. Construit à une rapidité défiant l’entendement et, certainement, la sécurité, celui-ci n’a pas la fiabilité escomptée et une grande partie de la population ne croit pas, à tort ou à raison, que ce soit la foudre qui soit responsable de la catastrophe mais bien de graves problèmes techniques.
Enfin, il montre des gouvernants pris au dépourvu, qui ont d’abord essayé, une nouvelle fois, d’enterrer l’affaire mais sans y parvenir tellement la pression de la société civile a été forte pour leur imposer de faire toute la lumière. Une pression relayée par la presse, même celle le plus aux ordres, et qui montre que la dissimulation et le mensonge politiques pour cacher l’incompétence des dirigeants fautifs sont de plus en plus difficilement acceptés.
Mais la conséquence la plus inquiétante pour la Chine, c’est peut-être le doute qui s’est emparé dans le monde entier sur la fiabilité du processus de décision, tant politique qu’économique ou technique de tels projets.
Car, tout se mêle dans cette catastrophe ferroviaire.
Un ministre des chemins de fer qui, pour booster sa carrière, construit en quelques années le plus long réseau au monde de train à grande vitesse en endettant son département ministériel au-delà de l’imaginable, en pratiquant la corruption, en faisant croire à la maîtrise totale d’une technique très compliquée et en faisant fi des règles de sécurité élémentaires.
Des autorités politiques qui, sachant cela, glorifient malgré tout ce réseau (tout en ayant limogé ledit ministre!) comme la preuve que la Chine est désormais une puissance technologique de premier plan d’autant que, dans le même temps, elle est en train de construire son premier avion commercial pour concurrence Airbus et Boeing.
Une presse aux ordres qui a caché tous ces problèmes faisant croire à la population qu’il suffisait que le Parti communiste décrète une chose pour que celle-ci se réalise de manière parfaite dans une glorification digne du maoïsme renaissant.
Il est à espérer que cet accident fasse redescendre les autorités chinoises sur terre afin que l’emballement constaté ces dernières années, tant dans la fuite en avant d’un développement incontrôlé et incontrôlable, que dans une assurance démesurée dans leur capacité à en imposer au monde entier dans tous les domaines, ne conduise pas à une catastrophe bien plus grande pour l’économie du pays ou, pire, à des pratiques aventurières dont pâtiraient non seulement la société chinoise mais toute la planète.
Alexandre Vatimbella
© 2011 LesNouveauxMondes.org