Le gouvernement russe a beau affirmé que son pays veut adhérer à l’Organisation mondiale du commerce, ses actes contredisent souvent le discours…
Le feuilleton sur l’adhésion de la Russie à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) va-t-il connaître un rebondissement de dernière minute? Alors que l’on pensait que la question était définitivement réglée après les feux verts donnés par les Etats-Unis et l’Union européenne, celle-ci vient d’exprimer à nouveau de fortes réserves quant à l’adhésion russe.
Les raisons: des restrictions importantes au commerce mondial qui n’ont pas été levées malgré les promesses de Moscou et dont certaines ont été remises sur le devant de la scène lors de la crise alimentaire qui a suivi la mort de plusieurs personnes en Allemagne atteintes de la bactérie Eceh par intoxication alimentaire.
Ainsi, la Russie s’est dépêchée de fermer ses frontières à tous les fruits et légumes venant de l’Union européenne. Et ce, en invoquant une protection sanitaire de sa population qui est jugée totalement excessive par la Commission de Bruxelles et allant à l’encontre de toutes les règles du commerce international.
De même, les obstacles aux investissements étrangers en Russie – que, pourtant, le président Dmitri Medvedev veut éliminer comme il la redit récemment – continuent à empêcher ceux-ci de se porter sur les entreprises les plus florissantes du pays au motif que celles-ci travaillent dans des secteurs relevant de la sécurité nationale.
Mais l’on sait que, dans cette affaire d’adhésion, c’est le Premier ministre, Vladimir Poutine, qui gère le dossier. Or, celui-ci louvoie depuis des années, déclarant que son pays veut adhérer avant d’affirmer le contraire, estimant que la Russie peut très bien se passer d’être dans l’OMC. Cette dernière position est d’ailleurs partagée par les milieux économiques russes qui savent que le pays n’est pas vraiment préparé à une vraie concurrence au vu de son appareil productif souvent délabré mais qui fait le bonheur de quelques oligarques milliardaires proche du pouvoir.
L’adhésion à l’OMC (la Russie est le dernier grand pays à ne pas en être membre) est aussi une bataille interne entre les «modernistes» en sa faveur conduit par Dmitri Medvedev et les «nationalistes» qui sont globalement contre et qui se regroupent derrière Vladimir Poutine.
Jean-Louis Pommery
© 2011 LesNouveauxMondes.org