Pour demeurer dans la mode des G (groupes), le gouvernement français a baptisé la réunion à Paris des responsables des agriculteurs de nombreux pays à travers le monde de G120. Il s’agissait, pour Nicolas Sarkozy, président actuel du G20, avant la réunion des ministres de l’agriculture, la semaine qui vient dans la capitale française, de rassembler la planète agricole pour écouter ses doléances.
Celle-ci est inquiète car de nombreux experts (pas tous) estiment que l’humanité ne va pas être capable de nourrir correctement tous ses membres et que la famine risque de réapparaître durablement dans de nombreuses régions au cours des années à venir.
Les raisons, selon un document de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique): une croissance démographique continue encore pendant quelques décennies, des habitudes alimentaires changeantes dans les pays émergents qui s’enrichissent rapidement, l’augmentation du prix de l’énergie et des engrais, la spéculation ainsi que le réchauffement climatique (même si pour certain spécialistes, celui-ci est plutôt un facteur d’accroissement des récoltes).
Du coup, même si les récoltes augmentent et que les éleveurs augmentent leurs troupeaux, les prix devraient croître fortement dans les dix ans à venir. 20% pour les prix des céréales et 30% pour ceux de la viande selon la FAO.
Nicolas Sarkozy, qui a ouvert ce G120, a plaidé pour un «nouveau modèle agricole» avec une gouvernance mondiale en la matière pour gérer le marché en lui donnant la transparence nécessaire et des investissements conséquents pour développer les techniques, pour relancer la recherche scientifique mais aussi pour aider les agriculteurs.
L’économiste en chef du FMI (Fonds monétaire international), Olivier Blanchard, a tiré la sonnette d’alarme. Selon lui, il existe une menace sérieuse de déstabilisation mondiale si les pays ne consolident pas leurs systèmes financiers. Et, première menace, celle de la crise de la dette de l’euro qui, si elle n’est pas réglée de façon satisfaisante, pourrait replonger l’économie mondiale dans le marasme et dans la crise.
Selon Olivier Blanchard, les problèmes que connaissent la Grèce, surtout, mais aussi le Portugal, l’Irlande voire l’Espagne et l’Italie, pourraient faire «dérailler» la reprise économique mondiale. Déjà, le FMI a revu les prévisions de la croissance de cette dernière à la baisse, de 4,4% à 4,3%, pour cette année 2011.
Selon un rapport de l’ONU, si les tendances se confirment, nous pourrions consommer, dans quarante ans, trois fois plus de matières premières dans le monde qu’actuellement. Une situation qui n’est évidemment pas tenable et qui épuisera nombre d’entre elles.
Le problème, comme l’explique le rapport, est que «les responsables politiques comme le grand public ne sont toujours pas convaincus des limites physiques absolues de la quantité de ressources disponibles pour l’humanité».
La solution passe évidemment par une exploitation raisonnée des matières premières (difficile avec l’émergence économique de nouveaux pays mais pas impossible) et par le développement de l’innovation «technologique, financière et sociale».
Alexandre Vatimbella
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