La banque mondiale vient de publier son rapport 2011 sur «le développement dans le monde». Sous-titré cette année «Conflits, sécurité et développement», celui-ci se focalise sur les conséquences des conflits armés et de la criminalité organisée sur le développement.
Ainsi, pour l’organisation financière internationale, «non seulement l’insécurité subsiste, mais elle est devenue un défi majeur de notre époque en matière de développement. Un milliard et demi d’êtres humains vivent dans des États fragiles, des pays touchés par un conflit ou des zones où sévit une criminalité organisée de grande ampleur. Aucun pays fragile ou frappé par un conflit n’a encore atteint un seul des objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) de l’Organisation des Nations Unies. De nouvelles menaces — criminalité organisée et trafics illégaux, troubles civils dus aux chocs économiques mondiaux, terrorisme — se sont ajoutées aux préoccupations suscitées par les guerres conventionnelles entre États et au sein des pays. Une grande partie du monde a accompli des progrès rapides dans la lutte contre la pauvreté durant les 60 dernières années, mais les zones qui enchaînent les cycles de violence politique et criminelle sont très en retard, leur croissance économique est compromise et leurs indicateurs de développement humain ne s’améliorent pas».
Pour les auteurs du rapport, «il est crucial de renforcer la gouvernance et les institutions légitimes pour assurer la sécurité des citoyens, la justice et l’emploi et rompre ainsi l’enchaînement des cycles de violence».
Afin d’y parvenir, la Banque mondiale estime qu’il est «possible de rétablir la confiance et de transformer les institutions chargées de la sécurité, de la justice et de l’économie en l’espace d’une génération, même dans les pays qui ont été touchés par de graves conflits».
Pour autant, «la réalisation de cet objectif exige toutefois une grande détermination de la part des autorités nationales et une refonte du système international en fonction des risques du XXI° siècle et selon les principes suivants: recentrage de l’aide sur la prévention de la violence criminelle et politique, réforme des procédures des organismes internationaux, interventions au niveau régional et renforcement de la coopération entre les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé».
Un numéro hors-série du mensuel Alternatives internationales réalisé en collaboration avec l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) de Science Po Paris, intitulé «L’état de la terre 2011» vient se sortir. Les chercheurs de cet institut font le panorama de la situation environnementale de la planète en vingt-cinq thèmes.
L’Iddri estime, par ailleurs, que les grands pays émergents commencent à comprendre les défis environnementaux et leur comportement en la matière est en train de changer. Ainsi, Emmanuel Guérin, directeur du programme énergie et climat, explique que «les pays émergents ne sen tiennent pas à une attitude défensive. Progressivement, ils ont adopté une posture plus constructive, tant du côté des négociations internationales que de leur propre évolution vers une économie moins carbonée».
Et de prendre en exemple l’Inde qui, après sa «diplomatie du non» en la matière, a opéré un «revirement» qui «s’explique par ses intérêts économiques (limiter les impacts du changement climatique), mais aussi et surtout géopolitiques: ce pays a pris conscience des risques d’isolement que lui faisait courir une posture d’opposition systématique».
Pour l’auteur, ce «renversement de perspective» que l’on note dans les pays émergents comme en Europe «signe le fait que les enjeux climatiques ne sont plus considérés comme relevant des seules politiques environnementales, mais appellent un changement profond de politique économique dans tous les secteurs (…)».
Alexandre Vatimbella
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