La Chine a décidé d’avoir une plus grande maîtrise sur sa croissance afin de privilégier le qualitatif sur le quantitatif. Mais aussi parce que des menaces pèsent sur le développement du pays. Que ce soit au niveau financier (éclatement de bulles spéculatives et implosion du système bancaire notamment au niveau régional), économique (tissu industriel tourné principalement vers l’exportation de produits à bas prix ou uniquement assemblé en Chine, tous de peu de valeur ajoutée) et au niveau social (mécontentement latent d’une partie de la population urbaine et pauvreté majoritaire dans la population rurale).
Pas sûr que Pékin parvienne à cette maîtrise. Mais si c’était le cas, ce ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour le reste du monde. Car la croissance chinoise à deux chiffres ou proche de ceux-ci (les prévisions pour 2011 oscillent entre 9% et 10%), est une aubaine pour l’économie mondiale. Même si la Chine vend beaucoup plus qu’elle n’achète –même si c’est de moins en moins vrai-, elle achète également de grandes quantités de produits et de matières premières et elle investit de plus en plus dans le monde sans oublier l’achat de bons du trésor de pays occidentaux, principalement les Etats-Unis mais aussi de pays de l’Union européenne en difficultés.
La Chine est bien au cœur de la problématique de la mondialisation économique et de son futur. C’est même un casse-tête…
Pour l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le commerce mondial devrait croître en 2011 moitié moins qu’en 2010. C’est ce qu’a annoncé son directeur général, le Français Pascal Lamy «Après l'augmentation sans précédent de 14,5% du volume des exportations en 2010, la croissance du commerce mondial devrait revenir à un niveau plus modeste de 6,5% en 2011». Et encore si la situation économique du monde ne se détériore pas, ce qui n’est pas du tout sûr après les multiples événements de ces derniers mois, des révolutions dans les pays arabes au tsunami japonais.
Dans ce chiffre global, il faut distinguer les pays émergents qui connaîtront une croissance de leur commerce extérieur de 9,5% et les pays avancés dont la croissance en la matière n’atteindra que 4,5%.
Par ailleurs, pour l’OMC, l’économie mondiale ne s’est pas encore remise de la crise de 2008 qui pourrait encore créer des soubresauts dans les mois qui viennent.
Selon un rapport chinois, les économies des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) pourraient dépasser celle des Etats-Unis en 2015. Elles représenteront alors 22% du PIB mondial et contribueront au tiers de la croissance mondiale.
Un chiffre intéressant qui montre que les grands pays émergents vont connaître de belles croissances dans les années à venir. Pour autant, ces cinq pays, qui vont se réunir dans les prochaines jours en Chine pour leur sommet annuel (où sera présent pour la première fois l’Afrique du Sud), sont loin d’être homogènes, ni même de partager de nombreux intérêts communs.
On a vu, récemment, que le Brésil voulait équilibrer sa relation chinoise en renforçant ses liens avec les Etats-Unis. De son côté, l’Inde continue à se méfier beaucoup de son puissant voisin chinois dont elle soupçonne les visées hégémoniques en matière politique et économique. Quant à la Russie, son ministre de l’économie vient de dénoncer l’envahissement des produits chinois à bas prix qui tuent le tissu industriel de son pays. Et il souhaite les limiter, voire les interdire. Les Brics ont décidément des relations fluctuantes!
Alexandre Vatimbella
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