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dimanche 20 mars 2011

LA SEMAINE DE LA MONDIALISATION. L’irresponsabilité des grands pays émergents


Si les grands pays émergents se distinguent par une croissance forte, ils sont aussi reconnaissables par l’irresponsabilité dont ils font preuve dans les affaires du monde. Que ce soit au G20, aux Nations Unies et dans les affaires du monde en règle générale. Une nouvelle preuve en a été apportée, cette semaine, avec leurs réserves hostiles à l’intervention en Lybie afin de sauver la population civile de la folie sanguinaire du colonel Kadhafi.
Les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine sont donc sur la même ligne ou sur une position proche. Ce qui ne manque pas de surprendre quand on pense que deux pays au moins sont de vraies démocraties (Brésil, Inde), un est un régime mi-autoritaire, mi-démocratique (Russie) et un est un pays autoritaire à parti unique (Chine).
On peut comprendre que les potentats chinois défendent les dictateurs dans le monde entier comme ils rejettent toute leçon sur les droits de l’homme. Après avoir défendu Ben Ali, puis Moubarak, voilà maintenant Pékin qui prend parti pour Kadhafi en émettant des réserves sur l’intervention de l’ONU. Quoi de plus normal.
Quant à la Russie, à la recherche de la splendeur de sa politique étrangère du temps de l’Union soviétique, tout ce qui peut gêner le camp occidental est bon à prendre (ce qui, in fine, montre son incapacité à sortir de cette ère soviétique et à se montrer solidaire des peuples en lutte pour leur liberté).
Cependant, comment comprendre que New Dehli et Brasilia emboîtent le pas aux deux premiers sans aucun scrupule? Voilà des pays démocratiques qui laissent un peuple se faire massacrer parce qu’il a réclamé la liberté!
Mais, dirons certains, la Chine et la Russie n’ont pas posé leur veto sur la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant la force pour empêcher Kadhafi de bombarder sa propre population. C’est exact. Elles se sont abstenues, ce qui n’est guère glorieux. Et, depuis, elles n’ont de cesse de critiquer l’action des pays qui ont décidé d’agir…
Tout cela est à rapprocher des comportements de ces pays émergents dans les grands forums mondiaux. Si un accord est impossible à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour valider le cycle de Doha, c’est en grande partie de la faute de l’Inde qui ne veut pas appliquer les règlements du commerce mondial pour protéger son agriculture et son industrie. Si la conférence de Copenhague sur le climat a été un échec, c’est parce que la Chine n’a voulu d’aucun accord contraignant pour limiter les émissions de polluants. De même, la Chine bloque toute sanction vraiment forte contre l’Iran pour contraindre cette dernière à renoncer à l’arme atomique. Et la Russie a adopté une attitude proche. Sans parler du Brésil et de l’amitié entre l’ancien président Lula da Silva avec son homologue iranien Ahmadinejad.
Il faudra bien que ces pays décident un jour à jouer le jeu de la responsabilité dans la mondialisation en regard de leur puissance économique mais également de leur volonté de jouer un rôle dans la gouvernance mondiale. Comment l’Inde, par exemple, peut demander un siège au Conseil de sécurité des Nations unies si elle est toujours à refuser de prendre des positions fortes? Comment la Russie peut demander d’être mieux traitée par les Occidentaux si elle adopte des positions toujours contraire à ceux-ci (à part sur le terrorisme islamique dont elle est une des premières victimes…)?
Le Bric est peut-être un club de nouveaux riches. Il n’est pas un lieu des nouveaux leaders du monde. Au vu des comportements de ses membres, on peut s’en réjouir.
Alexandre Vatimbella
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