Pour la Banque mondiale, la forte hausse des prix alimentaires a créé par moins de quarante-quatre millions de pauvres supplémentaires depuis juin 2010 dans le monde. Selon le président de l’organisme international, l’Américain Robert Zoellick, «les prix alimentaires mondiaux sont en train d’atteindre des niveaux dangereux, et constituent une menace pour des dizaines de millions de pauvres à travers le monde. (…) Cette hausse des prix est déjà en train de faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté et d’exercer des pressions sur les plus vulnérables, qui consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à l’alimentation».
Pour l’instant, la situation n’est pas aussi grave qu’en 2008 grâce à de bonnes récoltes notamment en Afrique. Mais aucune régulation n’est prévue sur les prix des denrées alimentaires de base comme l’avait proposée la France. Une mesure combattue par de nombreux pays producteurs, en tête desquels le Brésil.
La réunion des ministres des Finances du G20 à Paris vendredi et samedi, a accouché d’un accord au grand bonheur de la France qui préside ce club pour un an et qui avait annoncé, un peu prématurément et un peu présomptueusement, qu’elle allait travailler à changer les règles de la mondialisation.
Cet accord ne révolutionne pas l’économie mondiale. Il ne porte que sur les indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres économiques, mais il a le mérite d’exister. Comme souvent, c’est la Chine qui s’est montré la plus opposée à un consensus car elle ne voulait pas être accusée officiellement de manipuler sa monnaie et d’avoir des réserves de changes trop importantes.
Les indicateurs retenus concernent à la fois les déséquilibres internes d’un pays (sa dette, ses déficits publics, son épargne privée) et ses déséquilibres externes (par sa balance courante et non sa balance commerciale comme voulue par la France et refusée par la Chine). Dans le cas de ces déséquilibres externes, l’analyse de cette balance courante permettra, selon Christine Lagarde, la ministre de l’Economie et des Finances française, présidente de la réunion, «de prendre en considération les taux de change, la politique fiscale et la politique monétaire» afin de faire le diagnostic d’une économie nationale.
Reste que ces indicateurs et ce diagnostic, s’ils peuvent montrer du doigt un pays, ne peuvent en aucune manière l’engager à changer sa politique économique.
Alexandre Vatimbella
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