Croissance économique en hausse = consommation de matières premières en hausse. On connaît cette équation. Et l’on sait, alors, que tout événement inquiétant quand à la fourniture de matières premières peut faire déraper les prix. C’est ce qui se passe avec les révoltes et les manifestations qui touchent le monde arabe et, plus particulièrement, la révolution violente qui ébranle la Lybie actuellement. Car cette dernière, à l’opposé de la Tunisie, de l’Egypte ou du Yemen, est un pays producteur de pétrole avec, en plus, d’énormes réserves, les plus importantes du continent africain. Du coup, les prix du pétrole ont commencé à flamber jusqu’à ce que l’Arabie Saoudite se décide à augmenter sa production afin de se substituer à la production lybienne apportant un peu de répit dans le renchérissement du prix de l’or noir.
Mais, au-delà des soubresauts géostratégiques, répétons-le encore et encore, le prix du pétrole est voué à fortement augmenter dans les années à venir. Il faut s’y faire. C’est une donnée de la croissance de l’économie mondiale. Seule une récession, que personne ne veut, le fera baisser. En attendant son remplacement par ces énergies alternatives. Car il n’y a pas assez de pétrole pour tout le monde si la croissance mondiale est forte. En tout cas, il n’y en aura pas pour ceux qui ne peuvent payer des prix élevés. Quant aux autres, la chèreté des matières premières énergétiques pèsera sur leurs économies. D’où, peut-être, un cycle infernal de «up & down» où la croissance économique ralentira dès que le prix du pétrole augmentera et repartira à la hausse dès qu’il baissera…
Et si la stratégie américaine vis-à-vis de la Chine était de monter une grande coalition mondiale pour contrer son expansion agressive? Une coalition qui, évidemment, ne dirait pas son nom C’est plus que plausible quand on voit les efforts de l’Administration Obama pour séduire le Brésil - membre du club du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), faut-il le rappeler - qui ne demande pas mieux de voir le grand frère du Nord du continent lui faire les yeux doux. On verra bien si tout cela est aussi sérieux qu’on le pense ici lors de la visite dans le courant mars de Barack Obama à Brasilia. Mais cette stratégie ne peut marcher, et ne commence à marcher, que parce que la Chine a montré un visage pour le moins inquiétant ces deux dernières années sur la scène internationale. Aux Chinois, eux aussi, de changer.
Pour en revenir au G20 des ministres des finances qui s’est tenu la semaine dernière en France, force est de constater que les convergences demeurent très limitées. Personne ne veut qu’une crise mondiale revienne, mais personne ne veut que l’autre profite du renouveau de la croissance à sa place. Du coup, c’est le chacun pour soi enrobé dans des déclarations de bonnes intentions et des réunions qui accouchent de pas grand chose. Et comme l’a dit le cassandre de l’économie mondiale, Nouriel Roubini, récemment au Forum de Davos, «nous n’avons pas de leader et aucun accord sur ce la politique économique et ce que nous devons faire maintenant». Et d’ajouter qu’en matière économique, il n’existe ni un G7, ni un G8, ni un G20 mais un G0! Il n’est certainement pas loin de la réalité…
Alexandre Vatimbella
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