Américains et Chinois ont, tout d’abord, nié qu’ils voulaient mettre en place un groupe de deux (G2) qui gouvernerait le monde. Mais ils n’ont pu empêcher que celui-ci se mette en place de facto sans pour autant être omnipotent. Aujourd’hui, les deux pays sont de plus en plus enclins à estimer que ce partenariat volontaire pourrait leur être bénéfique, être un accord gagnant-gagnant. La visite du Hu Jintao, le président chinois, aux Etats-Unis, la semaine qui vient, donnera une indication sur la volonté d’aboutir et sur les efforts que chaque partie compte faire pour y parvenir.
Les peuples des deux grandes puissances semblent désormais convaincus que la mondialisation sera rythmée par la relation sino-américaine. Ainsi, un sondage du Pew research center montre que la zone Asie est plus importante que la zone Europe pour les Etats-Unis (47% contre 37%). C’est une première lourde de conséquences, notamment pour une Europe qui risque d’être marginalisée. Et pour 58% des Américains, il faut construire une relation plus forte avec la Chine (53% estimant qu’il faut être plus dur en ce qui concerne les problèmes commerciaux et économiques). Il y a même 47% des sondés qui estiment que la Chine est la puissance économique dominante contre seulement 31% qui pensent que ce sont les Etats-Unis.
Quid de l’Europe et du G7, quid du Bric(s) dans cette configuration qui se dessine lentement et même du G20? Si les Etats-Unis et la Chine ont des intérêts évidents à traiter l’un avec l’autre, ils en ont tout autant à garder leurs alliés et des forums alternatifs de discussion qui leur permettront, quand cela est nécessaire, de faire pression l’un sur l’autre et réciproquement. Cela dit, la mondialisation, si elle demeurera une question débattue mondialement, le sera aussi et, peut-être prioritairement, au sein de ce G2 dans un avenir proche sauf bouleversement géopolitique et économique.
La compagnie aérienne indienne IndiGo, spécialisée dans les vols intérieurs vient de passer commande de 180 Airbus A320. Une commande record dans les annales de l’aviation qui permet à l’européen Airbus de repasser devant l’américain Boeing dans ce jeu à deux qui devrait devenir dans les années à venir un jeu à concurrents multiples avec l’arrivée des Chinois et la montée en puissance des Canadiens et des Brésiliens, en attendant peut –être le retour des Russes.
Néanmoins, la question du développement du transport aérien en Inde n’est pas le manque d’avions ni celui du manque de passagers, ces derniers étant en constante augmentation chaque année, mais un manque d’infrastructures aéroportuaires flagrant tout autant qu’un manque de pilotes bien formés. La balle est dans le camp du gouvernement indien qui s’est fixé comme une priorité le développement des infrastructures de transport et d’énergie dans son plan qui court jusqu’en 2012 mais dont les objectifs seront certainement reconduits pendant encore de nombreuses années.
La survie de l’Euro intéresse la planète entière ce qui est une des raisons qui permet de dire que la monnaie unique ne disparaîtra pas de sitôt. Après les encouragements de Washington aux Européens à défendre leur monnaie et leur espace financier communs, après les annonces et les investissement de la Chine dans la dette des pays de la zone Euro et de l’achat de la devise européenne, voici le Japon qui a indiqué qu’il allait acquérir plus de 20 % des premières obligations émises par le Fonds européen de stabilité financière. Cette soudaine annonce est, selon les experts, une volonté du Japon de montrer sa solidarité avec l’Europe, un de ses principaux clients, une volonté de participer à la relance d’un marché vital pour ses exportations et donc son industrie ainsi qu’un désir de montrer aux Européens qu’il n’y a pas que les Chinois qui se préoccupent de leur avenir. Car, même à des milliers de kilomètres, la rivalité Chine-Japon est bel et bien vivace…
Alexandre Vatimbella
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