L’hubris de la Chine va-t-elle la perdre? En tout cas, elle inquiète fortement ses voisins. Cette excessive confiance en soi qui mène à une attitude hautaine et agressive envers les autres tout en se croyant invincible (et qui se retourne généralement contre soi) est en train de générer une grande crainte dans le monde entier, en particulier en Asie.
Le retour de l’Empire du Milieu fascine les voisins de la Chine. Ils sont en effet partagé entre une admiration pour le modèle de réussite de son économie (et les perspectives que celle-ci offre pour leurs propres économies) et une inquiétude de plus en plus vive devant le comportement agressif et intransigeant de Pékin dans tous les domaines.
Ainsi, d’un côté, il y a les exportations vers la Chine qui représentent plus de 20% du PIB de Taiwan et 10% de celui de la Corée du Sud et qui progressent dans tous les pays d’Asie. Mais, de l’autre, il y a les exportations de la Chine vers ces mêmes pays qui les inondent de produits bon marché, tuant leur tissu de petites entreprises pourtant primordial pour leur développement.
De même, d’un côté, il y a une Chine qui se targue de représenter les intérêts des pays en développement (dans lequel elle se classe) et qui réussit à agréger de nombreux pays autour de ses thèses. Cependant, de l’autre, il y a une politique extérieure faite de menaces et de diktats en tout genre envers tout pays qui ne «respecte» la Chine dans le sens voulu par ses dirigeants.
Les déclarations incendiaires et totalement démesurées lors de l’incident de l’arraisonnement d’un bateau de pêche chinois qui était entré dans les eaux territoriales japonaises (réclamées par la Chine) ont montré un pouvoir crispé, aux mains des faucons et de l’armée. Tout comme les gesticulations de plus en plus nombreuses de l’armée rouge autour de la frontière entre la Chine et l’Inde. Tout comme la mauvaise humeur vis-à-vis de Taiwan, de la Corée du Sud et du Vietnam vis-à-vis de leurs de leurs relations politiques et militaires avec les Etats-Unis. Sans parler des menaces à un pays lointain, la Norvège, pour le prix Noble décerné au dissident chinois Liu Xiaobo, qui sont mal ressenties en Asie.
Pour certains observateurs, l’attitude de Pékin pourrait lui coûter tous ses efforts fournis depuis une dizaine d’année pour rassurer ses voisins. Mais peut-être que le Parti communiste chinois sait ce qu’il fait ou, en tout cas, poursuit une stratégie de puissance hégémonique dans la région. Et c’est sans doute pourquoi des pays comme le Vietnam ou le Cambodge, qui ont une histoire tumultueuse avec leur imposant voisin, se rapprochent de Washington pour assurer leur sécurité à la grande fureur de la Chine qui, pourtant, l’a bien cherché…
Le problème de la Chine est en grande partie du à un pouvoir totalitaire exercé par le Parti communiste qui sait que son existence est lié à une croissance économique et à l’exacerbation du sentiment nationaliste qui est toujours très présent dans la population. Seule une démocratisation du régime dans les années qui viennent pourrait faire baisser la tension. En revanche, si l’économie flanche, on peut craindre que, pour éviter les troubles sociaux qui sont la hantise des dirigeants communistes, le gouvernement chinois joue à fond la carte des méchants étrangers qui veulent du mal à la Chine comme on peut le voir de plus en plus quand le régime est aux abois sur les questions comme les droits de l’homme, le taux de change de sa monnaie ou les différends frontaliers.
Alexandre Vatimbella
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