Après avoir joué l’apaisement dans l’espoir de convaincre les Chinois de réévaluer le yuan, Washington a décidé de jouer la fermeté et d’envisager sérieusement des mesures de rétorsion.
L’Administration Obama et le Congrès des Etats-Unis sont d’accord, la situation ne peut plus durer. La Chine doit réévaluer sa monnaie, faute de quoi elle s’expose à de nombreuses actions de rétorsions des Américains, notamment en matière de plaintes devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour dumping et subventions illégales ainsi que des mesures douanières afin d’empêcher les produits chinois de pénétrer sur le marché américain.
Timothy Geithner, le secrétaire d’Etat au Trésor, qui avait mis de l’eau dans son vin après de très fortes critiques sur la politique monétaire chinoise dès son entrée en fonction début 2009, a décidé de passer à la vitesse supérieure en accusant Pékin de maintenir un taux de change rigide alors qu’il avait salué au début de l’été la volonté du gouvernement chinois et de la Banque populaire (la banque de réserve) de laisser le yuan se réévaluer.
Il a ainsi déclaré que les Etats-Unis étaient «préoccupés, comme de nombreux partenaires commerciaux de la Chine, par le fait que le rythme d'appréciation (du yuan) est trop lent et son ampleur trop limitée» ajoutant que l’Administration Obama allait «prendre en compte les décisions de la Chine dans l'élaboration du prochain ‘Rapport sur les changes’ et nous étudions la question importante de l'ensemble des outils - ceux dont disposent les Etats-Unis et les approches multilatérales - qui pourraient contribuer à encourager les autorités chinoises à agir plus rapidement».
Rappelons que selon les Etats-Unis, la monnaie chinoise est sous-évaluée de 40% ce qui permet aux prix des produits chinois de demeurer très bas et de faire une concurrence déloyale aux produits américains. Une vision évidemment contestée par Pékin qui ne peut se résoudre à apprécier a devise de peur de casser sa croissance encore largement assise sur ses exportations. Quant aux économistes, ils sont partagés, nombre d’entre eux pensant que la réévaluation du yuan de règlera pas les problèmes économiques américains alors que d’autres estiment, au contraire, que cela permettra un rééquilibrage de la mondialisation en faveur des pays occidentaux (Etats-Unis et Union européenne), premiers clients de la Chine.
Alexandre Vatimbella
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