Après avoir laissé entendre que sa monnaie allait s’apprécier, la Chine semble faire le contraire depuis le ralentissement de sa croissance au grand dam des Etats-Unis qui reparlent de sanctions.
La guerre autour de la valeur du yuan n’est pas finie et n’est pas prête de l’être tant les intérêts en jeu sont importants d’un côté comme de l’autre du Pacifique. A peine après avoir déclaré qu’il laisserait le yuan s’apprécier quelque peu face au dollar, le gouvernement chinois a changé diamétralement de position et a fait en sorte que le dollar se raffermisse par rapport au yuan ces derniers jours, relançant les spéculations sur ses réelles motivations.
Cette volte-face provient toujours de la même crainte des autorités de Pékin, l’affaiblissement des entreprises exportatrices qui tirent encore la croissance du pays. Une crainte d’autant plus réactivée que l’on prévoit une baisse de ces mêmes exportations lors du dernier semestre de 2010. Néanmoins, cette indécision du gouvernement pourrait coûter cher à terme à la Chine si celle-ci ne réoriente pas assez vite sa machine économique vers sa consommation intérieure, ce qui semble, néanmoins, plus facile à dire qu’à faire tant les déclarations en ce sens n’ont guère été suivies d’effet jusqu’à présent.
Du coup, les Etats-Unis se fâchent à nouveau et ont ressorti leurs menaces de sanctions vis-à-vis de la Chine même si le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a demandé au Congrès de ne pas jeter de l’huile sur le feu. Ce dernier, pourtant, s’apprête à examiner une loi de rétorsion contre les exportations chinoises. Pour autant, l’intrication des deux pays (l’un achetant les produits de l’autre qui, lui, finance en retour son déficit avec l’argent empoché) limite pour l’instant la survenue d’une crise aigüe que quelques faucons américains et chinois réclament depuis longtemps.
Alexandre Vatimbella
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