La Chine veut construire des lignes de chemin de fer à grande vitesse traversant l’Eurasie et la reliant à l’Europe pour assurer ses flux de marchandises tout autant que pour montrer sa puissance et ses capacités technologiques.
Pour ceux qui douteraient encore de la volonté de la Chine de devenir une grande puissance et, surtout, de le montrer à la face du monde, le projet pharaonique et quelque peu mégalomaniaque de nouvelles routes de la soie en est une nouvelle preuve. Voulant ressusciter cette mythique voie qui permettait le commerce entre la Chine et l’Europe du II° siècle avant Jésus-Christ jusqu’au XV° siècle de notre ère, le pays veut se lancer dans la construction de lignes de chemin de fer à grande vitesse reliant ses principales villes à celles de l’Europe et traversant ainsi tout le continent euro-asiatique! Même si de nombreux experts doutent de la possibilité de réaliser ces grands travaux, le gouvernement chinois continue de négocier avec les pays traversés pour obtenir les partenariats nécessaires.
Pour les Chinois, ces lignes de chemin de fer auraient de multiples avantages. Elles permettraient, d’abord, de sécuriser les voies d’acheminement des matières premières dont a besoin le pays pour continuer à se développer mais aussi à permettre des exportations à des coûts moindres que par route, bateau ou avion. Elles seraient une vitrine de la technologie chinoise, notamment en matière de trains à grande vitesse que la Chine a déjà vendu et veut vendre un peu partout dans le monde jusqu’aux Etats-Unis (des négociations ont lieu en ce moment en Californie). Leur construction donnerait un emploi à des centaines de milliers de chinois et serait dans la plus pure tradition des grands travaux que le gouvernement met en place pour booster la croissance économique et assurer du travail à la population. En outre, en matière stratégique, elles permettraient à la Chine de contourner les routes traditionnelles de son commerce avec le monde qui sont aujourd’hui contrôlés, en particulier, par les Etats-Unis ou la Russie.
Reste à savoir, au-delà de la réelle faisabilité technique et industrielle d’un tel projet ainsi que de sa viabilité économique, si les pays reliés à la Chine par ces lignes à grande vitesse seront d’accord pour voir débarqué encore plus facilement tous les produits fabriqués dans l’Empire du Milieu et concurrents des leurs, transportés, qui plus est, par une technologie chinoise.
Alexandre Vatimbella
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