Au cours des dernières décennies, l’impression qui semble se dégager quant à la croissance mondiale est que celle-ci ne peut se faire que de bulles en bulles spéculatives. Le mécanisme alors est toujours le même: un secteur économique qui se développe sans commune mesure avec la réalité du marché grâce à des spéculations qui engraissent la finance mondiale, ce qui permet de faire tourner la machine économique tout entière jusqu’à l’implosion inévitable avant que tout ne recommence. Seul le secteur victime de la bulle change à chaque fois.
La bulle serait ainsi un des principaux moteurs de la croissance, sinon le principal. Que ce soit la bulle internet de la fin des années 1990 et du début des années 2000 ou que ce soit la bulle immobilière des années 2000, les Etats-Unis se sont largement nourris de ces emballements spéculatifs. La première puissance mondiale n’est évidemment pas la seule à se développer sur ces bulles spéculatives.
Ainsi, aujourd’hui, les bulles semblent se déplacer vers l’Asie et plus particulièrement vers la Chine. Si l’on craint aux Etats-Unis, dans les années à venir, une bulle sur l’industrie verte, c’est bien dans l’Empire du milieu que la machine à bulles s’est installée et bien installée. Il faut dire que tout prête à spéculation dans ce pays de joueurs invétérés. De l’immobilier aux matières premières en passant par le marché boursier. Le quotidien Le Monde, récemment, évoquait même les pratiques des éleveurs de porcs chinois qui, avec les subventions du plan de relance venues de Pékin, préféraient spéculer sur la valeur du cuivre plutôt que de moderniser leurs exploitations!
Du coup, si, de nos jours, comme on l’a dit, les bulles sont un des moteurs principaux de la croissance d’une économie (mais elles l’ont peut-être toujours été), on comprend pourquoi les gouvernements sont écartelés devant l’urgence à intervenir devant l’imminence d’un éclatement et l’impossibilité politique de tuer la poule aux œufs d’or. Avec cette idée que l’on pourra toujours s’en tirer puisque les précédents montrent que chaque éclatement de bulle n’a pas empêché les économies de rebondir jusqu’à… la prochaine bulle.
Tout cela n’est guère sain mais nous rappelle que la gestion de l’économie d’un pays est faite, en partie, sur des paris sur l’avenir couplée avec l’impossibilité de maîtriser la machine économique. Avec cette autre idée que les humains seront toujours assez intelligents pour s’en sortir.
Et si l’on décidait tout à coup que l’on pouvait utiliser cette intelligence pour éviter les bulles et conduire un développement maîtrisé de l’économie? Pas la peine de se moquer…
Alexandre Vatimbella
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