Alors qu’Avatar, la superpoduction hollywoodienne battait tous les records en Chine, le gouvernement de Pékin a décidé d’en limiter la diffusion et veut renforcer l’industrie cinématographique nationale sous fond de protectionnisme culturel.
La Chine a bien compris que l’industrie culturelle était une arme très efficace de soft-power mais pas seulement. C’est également une arme idéologique et un produit économique de premier plan comme l’ont démontré les Américains depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Depuis longtemps, la diffusion de films étrangers, notamment occidentaux et plus particulièrement américains est donc limitée drastiquement pour des raisons à la fois politiques et économiques. Il s’agit d’empêcher la diffusion des idéaux véhiculés par certains films (liberté de parole, démocratie, mode de vie occidental, etc.) et de protéger une industrie cinématographique longtemps balbutiante mais qui commence, à l’instar des autres secteurs de la machine économique chinoise, de monter en puissance.
Pour ce faire, le gouvernement vient de publier une directive qui énumère dix «initiatives de base» visant à booster l’industrie du film chinoise. Parmi elles, on trouve l’apport de moyens financiers plus importants avec accès aux services de financement modernes ainsi que la cotation en bourse des sociétés d’Etat. Mais on y trouve également le renforcement de la législation en vigueur. Ce qui ne devrait pas être une bonne nouvelle pour l’industrie cinématographique mondiale notamment au vu de ce qui vient de se passer avec le film Avatar de James Cameron (qui vient par ailleurs de devenir le film qui a engrangé le plus de recettes dans le monde devant Titanic… du même Cameron!).
Ainsi, alors que le film venait de battre le record de recette en Chine avec plus de 80,5 millions de dollars, les autorités ont décidé unilatéralement de le retirer de la plupart des salles où il était diffusé pour faire de la place à des films chinois. Cette annonce abrupte a même du obliger le China film group, distributeur de films appartenant à l’Etat, de rembourser des places déjà achetées! Evidemment, ce type de décisions est totalement contraire aux règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) dont la Chine est membre mais elle a déjà été appliquée par le passé, notamment avec le film Da Vinci Code. Rappelons d’ailleurs que la Chine a été récemment condamnée en appel par les instances de l’OMC pour ses pratiques illégales visant à empêcher les produits culturels américains, dont les films de Hollywood, de pénétrer sur son territoire. Mais Pékin a déjà annoncé qu’elle n’obtempèrerait pas à ce jugement…
Alexandre Vatimbella
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