En termes économique et commercial, la visite du Premier ministre français à Pékin a été un succès avec de nombreux contrats signés. Mais le réchauffement de la relation bilatérale franco-chinoise a évidemment un prix, un silence sur les sujets – nombreux – qui fâchent…
Fini le Tibet, le Dalai Lama, les dissidents emprisonnés, la mauvaise volonté chinoise sur la lutte contre le réchauffement climatique, les mesures protectionnistes du gouvernement de Pékin et sa volonté de sous-évaluer le yuan, le temps est à nouveau aux contrats juteux pour les autorités françaises dans leur relation bilatérale avec la Chine. Les velléités critiques de Nicolas Sarkozy ne sont plus de mises, c’est la diplomatie apaisante de François Fillion qui est à l’honneur rappelant en cela celle de Jean-Pierre Raffarin un de ces prédécesseurs à Matignon. Et, de ce point de vue, le Premier ministre français a réussi sa mission de trois jours dans l’Empire du Milieu en signant de nombreux contrats pour un montant de plus de six milliards d’euros (dont 3,5 milliards pour le seul Safran) et en réchauffant les liens traditionnels entre les deux pays en parlant de «malentendus» entre les deux pays, euphémisme diplomatique qui ravira les dirigeants chinois qui avaient exigé, en leur temps, une contrition française qu’ils viennent de recevoir avec quelque retard mais qu’importe…
Les plus gros contrats ont concerné le nucléaire et l’aéronautique. En ce qui concerne le nucléaire, il s’agit de la relance d’un partenariat initié de longue date et Areva ainsi qu’EDF se placent à nouveau sur le formidable marché chinois, là où se construit le plus de réacteurs dans le monde actuellement. Mais, malgré leur prévention, les deux entreprises françaises ont du accepter des transferts de technologies qui sont désormais quasi-obligatoires pour remporter de gros contrats dans ces secteurs si importants pour le développement de la Chine. L’américain Westinghouse a d’ailleurs du en passer par là également.
En matière aéronautique, les Chinois vont construire un dangereux concurrent pour les avions moyen-courrier d’Airbus avec le C919 de Comac (Commercial aircraft corporation of China). Mais les Français récupèrent tout de même un énorme contrat en compagnie de General Electric, puisque Safran, en coentreprise avec l’américain, va fournir les moteurs et les nacelles de cet avion. Un contrat qui devrait lui rapporter environ 15 milliards de dollars sur trente ans pour l’équipement de quelques deux mille avions...
Alexandre Vatimbella
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