Le constructeur automobile français a décidé de mettre sur le marché dans les trois ans à venir un petit modèle pour concurrencer la Nano de Tata. Mais il sera loin d’être le seul et le mieux armé pour ce nouveau défi.
Qui produira la voiture la moins chère du monde? Si, pour l’instant, la palme du vainqueur revient au constructeur indien Tata avec sa Nano dont le prix du modèle de base est de deux mille dollars, la concurrence, d’abord sceptique, s’est lancée aux trousses de cette nouvelle voiture du peuple. Après Ford, après General Motors, après Volkswagen et quelques autres, c’est au tour de Renault de relever le défi. C’est ce qu’a annoncé son PDG, Carlos Goshn, lors d’un discours à New Dehli à l’occasion du Forum économique indien. Selon lui, le marché offre des opportunités sans pareil pour produire cette voiture qui sera destinée non seulement à l’Inde mais aussi à tous les pays émergents. Son prix exact n’est pas encore connu ce qui se comprend puisque il n’est même pas encore mis au point. Ce sera au partenaire indien de Renault, Bajaj, de le faire. Celui-ci est pour l’instant plutôt spécialisé dans les motos et les véhicules à trois roues qui continuent à dominer le marché des familles dont les revenus sont en-dessous de ceux des classes moyennes.
Si l’Inde est un nouvel eldorado pour les constructeurs mondiaux après la Chine – le pays ne possédant que 8 voitures pour 1.000 habitants – la question de l’inonder de petits modèles soulève des interrogations. Car les infrastructures routières indiennes ne sont absolument pas capables d’absorber un trafic routier plus important qu’aujourd’hui. Les grandes villes sont congestionnées et le réseau routier est délabré alors que les dépenses en infrastructures demeurent encore trop insuffisantes. En outre, ces petits modèles ne seront évidemment pas les moins polluants pour pouvoir les offrir à des prix si bas. Du coup, c’est bien à une augmentation de la pollution atmosphérique que l’on devrait assister avec la multiplication des ventes. Sans oublier qu’au moment où l’on parle de pétrole cher lorsque la reprise aura touché toute la planète, le modèle économique d’une petite voiture bon marché est peut-être une manne pour les constructeurs automobiles mondiaux mais sans doute pas pour le développement durable…
Louis-Jean de Hesselin
© 2009 LesNouveauxMondes.org