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jeudi 26 novembre 2009

EDITORIAL-MONDIALISATION. L’axe Washington-New Delhi plutôt que Washington-Pékin?


Les récentes rencontres de novembre Barack Obama-Hu Jintao, à Pékin et Manmohan Singh-Barack Obama, à Washington, ont donné une certaine idée du type de relations que les Etats-Unis veulent initier avec les deux géants d’Asie et grandes puissances émergentes. Autant l’on a senti une certaine retenue entre le président des Etats-Unis et son homologue chinois, autant la chaleur était au rendez-vous entre le dirigeant américain et le premier ministre indien.

Est-ce à dire que les Etats-Unis vont désormais privilégier leur relation avec l’Inde au détriment de celle avec la Chine alors que tout concourrait à penser que ce serait le contraire? Il serait bien aventureux de le prétendre mais on ne peut pourtant exclure cette option diplomatique même si le développement des rapports Etats-Unis-Chine demeurera crucial pour les deux pays et le monde. Car, même s’il n’est pas question de créer un G2 indo-américain de substitution à celui sino-américain, l’Inde et les Etats-Unis partagent bien plus qu’un rapport de force économico-stratégique. Les deux grandes démocraties ont des valeurs communes et des combats communs. C’est pourquoi Barack Obama a pu dire que «l’Inde est un partenaire indispensable des Etats-Unis» et que Manmohan Singh aurait pu lui répondre exactement la même chose des Etats-Unis pour l’Inde.

D’autant que les Etats-Unis et l’Inde ont une crainte commune: la puissance économique, diplomatique et militaire chinoise. Les produits à bas prix fabriqués en Chine sont une menace pour l’emploi des Américains mais aussi des Indiens. La montée en puissance militaire de la Chine inquiète Washington mais surtout l’Inde qui voit toujours en l’armée de Pékin stationnée à ses frontières une menace potentiellement forte. Quant à la diplomatie chinoise, elle est vue comme déstabilisatrice par le gouvernement américain (Soudan, Iran, Venezuela, Birmanie, Corée du Nord) mais aussi par l’Inde (Pakistan, Bengladesh, Birmanie, Sri Lanka). Et la grande offensive de charme de Pékin en Afrique et en Amérique du Sud ne laisse pas insensibles Washington et New Delhi dont les intérêts dans ces deux régions du monde sont extrêmement forts.

Du coup l’Inde est prête à être «naturellement» une amie des Etats-Unis alors que la Chine aurait plutôt la volonté d’être un cogérant de la mondialisation avec les Américains. D’où cette rencontre si chaleureuse entre Barack Obama et Manmohan Singh.

Cet axe aurait-il cependant assez de cohésion et de puissance pour contenir la montée en puissance de la Chine et l’encadrer? C’est toute la question que les stratèges peuvent se poser et se poseront dans les années qui viennent. Sans oublier que l’Inde fait aussi partie d’un club, le Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), qui l’unit – de manière informelle il est vrai – à la Chine. Sans oublier que les possibles conflits d’intérêt entre les Etats-Unis et l’Inde existent également (Barack Obama n’avait-il pas fustigé fortement les délocalisations d’entreprises américaines en Inde pendant sa campagne électorale de 2008?).

Néanmoins et quoiqu’il arrive, les Etats-Unis ont intérêt dans leur bras de fer face à la Chine de compter sur l’amitié indienne. Idem pour l’Inde dans ses relations difficiles avec l’Empire du milieu. Reste que les Chinois n’ont pas dit leur dernier mot car si les relations indo-américaines devenaient trop privilégiées à leur goût, ils ne pourraient demeurer sans bouger face à ce qui deviendrait pour eux un danger certain...


Alexandre Vatimbella

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