Sécheresse tenace, pollution endémique, infrastructures déficientes, prix inadapté, irrigation agricole trop dispendieuse, le problème de l’eau est en train de devenir un des plus gros défis auxquels les autorités chinoises vont devoir répondre le plus rapidement possible.
La Chine connaît un formidable défi pour sécuriser ses ressources en eau. Déjà, l’eau est une denrée rare dans le pays en temps normal et par rapport à sa nombreuse population. Mais ce sont surajoutés ces dernières décennies des problèmes qu’il est désormais urgent de régler pour que les Chinois ne manquent pas d’eau dans les années qui viennent.
Au-delà d’une sécheresse tenace qui frappe le nord et l’ouest du pays depuis plusieurs années et qui n’est pas de la responsabilité des autorités, la pollution d’au moins 30% des cours d’eau (sans parler des nappes phréatiques), les infrastructures déficientes, la gabegie de l’irrigation de l’agriculture qui pompe 70% des ressources du pays sans parler d’un prix trop bas qui ne permet pas de responsabiliser les utilisateurs et de faire les investissements nécessaires pour moderniser les réseaux, tout concourt à une situation d’urgence dont le gouvernement est de plus en plus conscient.
D’autant que les rapports alarmistes se sont succédé ces derniers temps. Celui de la Banque mondiale, publié au début de cette année, indiquait qu’il fallait relever au plus vite le prix de l’eau et renforcer sa gestion car «une crise de l’eau est en train de naître» d’autant que «depuis des années le manque d’eau, la pollution et les inondations ont limité la croissance et ont affecté la santé et le bien être de la population». Un des derniers rapports en date, issus de l’administration chinoise, indique, pour sa part, que «dans certains cours d’eau importants la pollution aux nitrates est grave et plusieurs programmes anti-pollution n’ont pu être financés».
Mais, dans le même temps, cette prise de conscience n’empêche pas la mise en place d’énormes projets de détournement des eaux notamment pour alimenter la capitale sans réellement savoir quel sera l’impact environnemental de leur réalisation comme ce fut le cas pour le barrage des Trois-Gorges.
Reste que, pour la Banque mondiale, même «s’il n’y a aucune doute que la Chine fait face à un défi majeur dans la gestion des ressources limitées en eau pour soutenir sa croissance dans les années qui viennent», l’organisation financière internationale estime qu’il y a pourtant des raisons d’être optimisme: «la Chine, qui a démontré son énorme capacité d’innovation dans son programme réussi de réformes économiques, peut et doit prendre une dynamique en réformant ses politiques en la matière pour devenir un leader mondial dans la gestion des ressources en eau».
Alexandre Vatimbella
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