Le Brésil, la Chine et l’Inde ne se posent guère la question de savoir si la Russie doit ou non faire partie du même club qu’eux malgré sa différence de croissance et son statut hybride au sein de ces pays émergents. Car le Bric sans la Russie ne serait pas le Bric. Evidemment, l’acronyme deviendrait Bic! Mais ce ne serait vraiment pas l’essentiel pour Pékin, New Delhi et Brasilia. Car la Russie est, qu’on le veuille ou non, un acteur majeur sur la scène mondiale, en tout cas nettement plus que le Brésil ou l’Inde pour l’instant. De même, pour certaines questions comme l’armement nucléaire ou les matières premières énergétiques, il compte beaucoup plus que la Chine. Du coup, du point de vue de ses partenaires au sein du Bric on voit tout ce qu’ils auraient à perdre à agir sans la Russie même si beaucoup d’experts extérieurs, eux, ne veulent pas voir le lien qui unit les quatre membres du club, lien qui tend d’ailleurs à se renforcer.
Car, l’important, n’est ce pas ce que les membres de ce club estiment avoir comme intérêts communs et synergies? D’autant que si l’on commence à se demander ce qui rapproche vraiment le Brésil, puissance régionale d’Amérique du Sud, avec l’Inde et la Chine, puissances régionales de l’Asie, ou encore ce que partagent l’Inde et la Chine, adversaires au niveau régional qui n’ont pas réglé leurs problèmes frontaliers, on se dit que le club n’en est un que pour très peu de choses, bien loin des intérêts communs qui peuvent lier d’autres organisations comme l’Union européenne, par exemple. Et pourtant, les pays du Bric parlent de plus en plus d’une même voix sur de nombreux sujets et se réunissent de plus en plus souvent à tous les niveaux, prouvant qu’ils veulent lier une partie de leurs destins sur la scène internationale même si l’on ne sait pas pour combien de temps.
Dès lors, se poser la question du Bric sans la Russie est peut-être plus incongru que de se demander ce que fait la Grande Bretagne dans l’Union européenne!
Alexandre Vatimbella
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