Si la fameuse thèse du «découplage» entre pays riches et pays émergents a été battue en brèche par la réalité économique, elle n’est pas pour autant fausse dans les conséquences de la crise selon l’économiste Kemal Dervis.
Au tout début de la crise financière américaine, de nombreux économistes avaient expliqué que celle-ci devrait toucher essentiellement les pays riches mais devrait épargner les pays émergents surtout à cause de l’absence chez eux d’un vrai marché financier et de la relative bonne santé de leurs systèmes bancaires. C’était la fameuse thèse du «découplage» qui fut en vogue jusqu’en décembre 2008, au moment où l’on réalisa que la Chine et l’Inde étaient tombées dans la crise - qui était dorénavant financière mais aussi économique - depuis le mois d’octobre.
Dès lors, la thèse fut rangée dans les tiroirs des idées économiques fumeuses, tiroir qui semble avoir un trou sans fond… La voilà qui ressort aujourd’hui, notamment par la voix de l’économiste Kemal Dervis, conseiller, entre autres, de Banki Moon, le secrétaire général de l’ONU et ancien ministre des Affaires économiques et du Trésor de Turquie lors d’une conférence qu’il a donné au siège de l’UNESCO à Paris.
Celui-ci ne remet pas en question l’erreur de la thèse du découplage quant à la survenance de la crise économique et financière mais estime qu’elle peut s’appliquer dans les effets de la crise et dans la reprise économique qui surviendra dans les années qui viennent. Ainsi, il fait remarquer que si les pays riches vont connaître un recul de la croissance de 2% à 3% en 2009, ce ne sera pas du tout le cas de nombre de pays émergents au premier range desquels on trouve évidemment l’Inde et la Chine dont les croissances seront largement positives. Selon lui, la croissance de l’Inde devrait tourner aux alentours de 6% et celle de la Chine de 7%. De même, Kemal Dervis estime que les réserves de change de la Chine devraient permettre au pays de connaître une reprise plus forte que dans les pays riches. La thèse du découplage dans ce sens semble donc avoir plus de consistance même s’il faut attendre encore car une crise, comme une croissance, peut connaître de multiples rebonds…
Alexandre Vatimbella
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