Le premier sommet officiel du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) vient de se tenir en Russie. Ses résultats sont décevants pour ceux qui s’attendaient, comme les Russes, à ce que ce club devienne un acteur majeur de la scène internationale. Pourtant, il serait prématuré, comme l’ont déjà fait certains commentateurs, de l’enterrer car il est un outil qui pourrait se révéler fort utile pour les quatre pays dans les années à venir. C’est d’ailleurs de cette façon qu’il faut entendre son intérêt.
Evidemment, la Russie, le pays qui avait le plus à attendre de ce sommet en tant qu’organisateur mais également comme pays plus sur le déclin que sur une pente ascendante comme le sont ses trois compères, doit se sentir frustrée des conversations et du communiqué final qui ne fait guère allusion à ses postions dures notamment contre le dollar et sa volonté de changer de monnaie internationale de réserve le plus tôt possible. De même, le Bric n’a pas pris de positions très tranchées au niveau de politique internationale sur des dossiers chauds comme l’Iran (alors que le président russe Dmitri Medvedev, par exemple, dans le cadre de l’OCS, l’Organisation de coopération de Shanghai, s’est affiché de manière quelque peu outrancière avec le président iranien Ahmadinejad dont la réélection est fortement contestée par la rue dans son propre pays pour fraude massive).
La Chine qui est la plus proche des positions russes a préféré le sommet de l’OCS et celui avec la Russie pour afficher son accord sur ces dossiers mais est demeurée étrangement muette lors du sommet du Bric. Il faut dire que le Brésil et l’Inde ne souhaitent absolument pas prendre des positions tranchées sur des dossiers où les deux pays pourraient entrer en conflit avec les pays occidentaux et plus particulièrement les Etats-Unis dont ils sont les alliés. Sans oublier que la Chine, elle-même, privilégie ses relations bilatérales avec les Etats-Unis à cette alliance à quatre pour discuter des vrais problèmes du monde.
Mais même si le sommet du Bric a accouché d’une souris, il a quand même accouché de quelque chose et c’était là, sans doute, l’essentiel. Car ce club des quatre rassemble des pays aux intérêts divergents et, ne l’oublions pas, qui, pour certains, se sont faits la guerre ou ont été proches de le faire dans les dernières décennies mais qui sont également engagés dans des guerres commerciales et politiques pour dominer des sphères d’influences qui se chevauchent. Dès lors, le Bric peut aussi avoir une fonction interne à ce club, rapprocher pacifiquement des pays qui sont loin d’avoir réglé tous leurs différends. Peut-être, d’ailleurs, que l’avenir du Bric, à court terme, se trouvera tout autant dans ce rapprochement que dans des prises de positions communes sur les grands dossiers économiques, financiers et politiques internationaux.
Alexandre Vatimbella
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