L’Organisation de coopération de Shanghai n’est qu’un forum de discussion et non pas un organe régional de pouvoir selon le chercheur Bobo Lo car ni la Chine, ni la Russie ne le souhaitent.
Selon Bobo Lo, directeur des programmes Russie et Chine au Center for European Reform et spécialiste des questions de l’Asie centrale, l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) n’est qu’une «modeste organisation de modeste ambition au service des intérêts de la Chine», sa créatrice. Alors que l’organisation a tenu une de ses réunions à Ekaterinbourg en prélude du sommet du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), Bobo Lo, lors d’une conférence à l’IFRI (Institut français des relations internationales) affirme que ni la Russie, ni la Chine qui en sont les membres les plus importants (les autres étant la Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan) n’en font une priorité dans leurs politiques étrangères respectives même si la région est d’importance stratégique. D’autant que le rêve poursuivi par la Chine et l’Inde serait que cette partie de l’Asie redevienne ce qu’elle était au temps de l’URSS, une zone calme et sécurisée à leur convenance ce qui ne sera plus jamais le cas parce que des Etats souverains existent dorénavant à la place des républiques soviétiques et qu’ils défendent leurs intérêts comme on la vu pour l’Ouzbékistan qui a finalement permis aux Américains de garder leur base militaire alors que le gouvernement russe avait fait une forte pression pour qu’il en soit autrement.
Néanmoins, le chercheur estime que la Chine est plus tournée vers l’Asie du Sud-est et vers les Etats-Unis est «ne veut pas que l’OCS soit une organisation anti-américaine à la différence de la Russie». Quant à la Russie, elle sait pertinemment qu’elle n’est que le «joueur numéro deux» de cette organisation et qu’elle ne peut donc l’orienter dans le sens de ses intérêts. Il faut se rappeler que Moscou avait tenté de faire entériner sa politique en Asie et, notamment, en Géorgie l’année dernière par l’OCS sans autre succès qu’une déclaration de principe de soutien au pays et non à la politique. De plus, pour la Russie, les succès de l’OCS seraient autant de succès de l’hégémonie chinoise dans la région à son détriment!
Mais c’est sans doute pourquoi aussi l’OCS est encore active: «il n’existe pas en tant que telle de politique identifiable de l’organisation et c’est sans doute pourquoi les pays membres voient un intérêt à y rester» dit Bobo Lo… De même, les ressources énergétiques et la croissance économique de la zone qui ouvre un marché prometteur sont deux atouts non-négligeables pour garder en vie l’organisation.
Alexandre Vatimbella
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