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vendredi 26 juin 2009

BRIC-COOPERATION. Abdoulaye Wade met en garde l’Europe sur la concurrence de la Chine, de l’Inde et du Brésil en Afrique


Lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le Président de la république du Sénégal a invité les Européens à réagir à la présence de plus en plus concurrentielle des pays émergents sur le continent noir.


«L'Afrique veut bien coopérer avec l'Europe, mais si l'Europe se ferme de l'Afrique au moment où nous avons l'Inde, la Chine, le Brésil qui viennent nous offrir la même chose que l'Europe à des prix inférieurs et à des conditions extraordinaires de crédit sur 15 ou 20 ans, ça aussi ça fait partie des réalités économiques». Les propos d’Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, ont le mérite d’être clairs et nets. Pour lui, l’Europe risque de perdre sa position de partenaire privilégié avec l’Afrique noir à plus ou moins court terme devant l’offensive commerciale des grands pays émergents au premier rang desquels on trouve bien sûr la Chine mais aussi l’Inde et le Brésil. D’autant que les dirigeants de l’Afrique subsaharienne ont été déçus des relations privilégiées que l’Europe semble vouloir bâtir avec le Maghreb dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.

«L'Europe devient de moins en moins concurrentielle en ce qui concerne l'Afrique, je vous le dis franchement, je vous le dis sincèrement, je vous le dis amicalement, en espérant que vous réfléchirez à tout ca et que nous trouverons ensemble les moyens de renforcer la coopération entre l'Europe et l'Afrique», a indiqué le président du Sénégal qui a néanmoins ajouté que «trois ou quatre siècles de coopération ne doivent pas s'effacer comme cela, et nous restons attachés à la coopération entre l'Europe et l'Afrique. Il faut qu'on en discute et qu'on tienne compte des réalités économiques». Cela n’empêchera pas, selon lui, l’ouverture de l’Afrique «à l'Amérique latine et à l'Inde afin de favoriser une coopération Sud-Sud qui va nous permettre de nous développer».

Reste que si les grands pays émergents ont de nombreux projets avec l’Afrique noire, ceux-ci sont loin d’être sans arrière-pensées qui n’ont pas comme principale visée le développement des pays africains. L’exemple de l’impérialisme de la Chine rejetée de plus en plus par les populations africaines en atteste. Néanmoins, les moyens déployés par les Chinois et les Indiens, dans une moindre mesure, et, depuis peu, par les Brésiliens sont autant de tentation pour des gouvernements souvent corrompus mais qui doivent aussi trouver de l’argent pour développer les économies sinistrées de leurs pays.


Alexandre Vatimbella

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