Plus pessimiste que les grandes organisations internationales, l’Observatoire français des conjonctures économiques estime que la croissance des pays émergents sera très faible en 2009 et 2010. La Chine et l’Inde n’échapperont pas au mouvement.
Selon l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), «de mémoire, les prévisions formulées dans ce contexte sont les plus noires qui aient jamais été faites. Le PIB mondial devrait ainsi se contracter en 2009 de 1,5 %, emmené par la plupart des zones du monde. Les pays développés verront ainsi leur taux de croissance s’effondrer à -3,1 % (soit une contribution de -1,7 % à la croissance mondiale), tandis que les économies émergentes ralentiront fortement, à +0,5 %. La Chine et l’Inde resteront épargnées par la récession, mais au regard des performances de ces dix dernières années, une expansion limitée à moins de 5 % constitue une bien piètre performance». Le ton est ainsi donné. Et les experts de l’organisme ajoute, «Les pays émergents, qui jusqu’au troisième trimestre 2008 ont plutôt bien résisté à la crise financière mondiale, ont vu leurs économies plonger au quatrième trimestre 2008. La thèse du découplage, selon laquelle un plus grand dynamisme interne des économies en développement devait se substituer au moins partiellement au freinage de l’activité dans les pays développés, s’est éteinte d’elle-même».
Pour l’observatoire, les raisons en sont multiples: «L’effondrement des prix des produits de base à partir de la mi-2008 a tari une source de revenu majeure pour les pays producteurs. Le retrait des investisseurs internationaux et la chute induite des taux de change assèchent les canaux de financement d’économies dont la dépendance à l’épargne externe est structurelle et alourdissent la charge des agents endettés en devises, privant du même coup ces économies d’une part grandissante de leurs ressources internes. L’effondrement du commerce international, d’une ampleur inégalée depuis 50 ans, ajoute aux difficultés, en particulier dans les pays qui ont fondé leur développement sur l’exportation de produits manufacturés, comme les pays d’Asie».
Concernant les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), l’OFCE estime que si «la Chine et l’Inde échapperont à la récession au sens propre», elles ne passeront pas à travers la crise économique et financière mondiale avec des croissances très faibles. Quant à la Russie, l’année 2009 sera très difficile.
Jean-Louis Pommery
© 2009 LesNouveauxMondes.org
Taux de croissance en 2009 et 2010
| 2009 | 2010 |
Russie | -3,0% | 0,0% |
Pays CEI (sauf Russie) | -4,8% | -0,9% |
Chine | 4,1% | 7,2% |
Asie (sauf Chine) | 0,5% | 3,3% |
Amérique Latine | -3,4% | 0,2% |
Afrique | 3,0% | 3,5% |
Moyen Orient | 3,0% | 3,0% |
Source:OFCE