Après l’Afrique, gouvernement et entreprises chinoises investissent l’Amérique latine, chasse gardée des Etats-Unis jusqu’à présent. Ils y sont bien accueillis. Jusqu’à quand?
La Chine ne pratique plus l’internationalisme prolétarien mais la mondialisation économique. Son «impérialisme» en la matière n’a rien à envier à celui reproché aux Etats-Unis. Mais la Chine est, pour l’instant, mieux accueillie et, surtout, elle arrive avec des valises remplies de billets c’est-à-dire des accords commerciaux avec des prêts et des conditions très avantageux. Ce qu’elle a fait en Afrique, la Chine est en train de le faire à nouveau en Amérique latine. Non pas que sa présence soit nouvelle mais elle a mis le turbo en multipliant, ces derniers temps, les accords économiques et financiers du Venezuela à l’Argentine en passant par le Brésil. N’oublions pas que, pour la Chine, ces accords sont également politiques comme en Afrique. L’Empire du Milieu se fait également des alliés politiques ce qui, pour certains analystes, est tout autant important que de se fournir en matières premières et de s’ouvrir des marchés pour ses produits.
Toujours est-il que les voyages des officiels chinois se multiplient dans les pays d’Amérique du Sud dans la foulée de celui du Président de la république, Hu Jintao, l’année dernière. De même, les dirigeants latino-américains font le déplacement à Pékin pour louer la puissance chinoise qui va damer le pion à celle des Etats-Unis à l’instar de l’exubérant Hugo Chavez dernièrement. Le Président du Venezuela cherchant évidemment des alliés à l’extérieur, surtout des anciens ennemis de Washington, comme la Russie et la Chine.
La commerce entre la Chine et l’Amérique latine a dépassé l’année dernière cent milliards de dollars et devrait encore fortement progresser en 2009. La Chine est désormais le troisième partenaire commercial de la région. Mais l’avenir devrait dire si cette lune de miel continuera. En Afrique, le rejet des Chinois par la population devient de plus en plus fort, ceux-ci se comportant exactement comme les anciennes puissances coloniales et même pire parfois. Les manifestations et les actes violents contre les intérêts chinois et, plus grave, contre les Chinois eux-mêmes se sont multipliés. Le scénario se répétera-t-il en Amérique latine ou la Chine saura-t-elle manœuvrer plus finement?
Alexandre Vatimbella
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