Après les déclarations russes, c’est au tour des Chinois de réclamer une nouvelle monnaie de réserve mondiale à la place du dollar. Mais, outre que cet appel à peu de chances d’être entendu, les pays du Bric n’auraient pas tout à gagner de ce changement…
Barack Obama et son secrétaire au Trésor, Timothy Geithner l’ont affirmé catégoriquement, il n’y a pas de meilleure monnaie de réserve mondiale que le dollar et il n’est pas question de réformer le système actuel qui, depuis les accords de Bretton Woods à la fin de la seconde guerre mondiale, a fait de la monnaie américaine, la monnaie de réserve mondiale. Ces déclarations répondaient aux propos des Chinois, notamment du président de la Banque centrale, Zou Xaochuan, mais aussi des Russes et des autres pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), le Brésil et l’Inde, qui souhaitent que l’on trouve une nouvelle monnaie de réserve et ont avancé que celle-ci pourrait être le panier de devises qui est actuellement utilisé par les DTS (Droits de tirages spéciaux) du FMI (Fonds monétaire international), une monnaie fictive créée pour permettre à l’organisme international d’avoir plus de liquidité pour conduire sa politique de prêts internationaux (les devises incluent dans le panier sont actuellement le dollar, le yen, la livre sterling et l’euro).
Pour les Chinois et les Russes, en particulier, il s’agit de ne plus mettre tous leurs œufs dans le même panier, c’est-à-dire d’avoir leurs immenses réserves de change dues à leurs exportations libellées principalement en dollar et être à la merci des fluctuations de l’économie américaine. Même si la position de la Chine peut sembler, à tout le moins, paradoxale si ce n’est suspecte d’opportunisme puisque le système bénéficie grandement à la Chine qui peut, à la fois, financer ses exportations en alimentant le marché du crédit américain et sous-évaluer sa monnaie pour que ses mêmes exportations demeurent compétitives… Il est vrai, néanmoins, que les autorités de Pékin sont inquiètes d’une baisse importante du dollar qui leur ferait perdre une bonne partie de leurs 2.000 milliards de dollars de devises comme l’a dit le premier ministre Wen Jiabao récemment.
Reste que ce changement prendrait, au bas mot, plusieurs années, voire des décennies selon des experts en la matière. De plus, cette idée d’abandonner le dollar comme monnaie de réserve internationale n’est pas nouvelle. Elle date de plus de trente ans, depuis l’abandon de sa convertibilité en or décidée par le président Richard Nixon et n’a jamais été mise en œuvre. En 2002, c’est le financier iconoclaste George Soros qui l’avait remise au goût du jour. Et il vrai que permettre à un pays de pouvoir financer son marché intérieur et ses déficits grâce à sa position dominante pénalise les autres… ou non ! Car cela permet aussi de tirer l’économie mondiale en période d’expansion grâce à la puissance économique des Etats-Unis. D’autres analystes font remarquer que, par essence, une monnaie de réserve impose au pays qui la possède d’être toujours en déficit et/ou de faire marcher la planche à billets afin, justement, de fournir assez de liquidités aux autres économies du monde. Une sorte de chat qui se mord la queue…
Alexandre Vatimbella
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