Le nouveau voyage du président chinois sur le continent noir montre bien la volonté de son pays de s’y constituer un pré-carré… Au grand dam des entreprises françaises.
La visite en Afrique de Hu Jintao, le président chinois, n’est pas passée inaperçue… auprès des patrons français dont les entreprises sont installées ou commercent avec l’Afrique. Il faut dire que la Chine « met le paquet » pour s’installer durablement sur le continent noir en distribuant ses largesses aux élites locales et en construisant routes, usines et autres voies ferrées. Mais cette « nouvelle colonisation » a ses limites, la population africaine ressentant de plus en plus durement la présence de Chinois qui, souvent, les prennent de haut et lui rappelle quelques souvenirs difficiles du temps de l’ancienne colonisation et de ses pratiques.
Toujours est-il que la Chine cherche en Afrique, à la fois, les matières premières qui vont lui permettre de faire tourner sa machine économique et un soutien politique sur la scène internationale. Sans oublier l’expatriation de nombreux de ses nationaux qui peuvent ainsi trouver en Afrique ce qu’ils ne trouvent pas en Chine : travail et vie meilleure.
Reste que cette présence inquiète de plus en plus les pays qui sont les partenaires privilégiés de l’Afrique, au premier rang desquels on trouve la France. Ainsi, dans une récente interview à l’AFP, Patrick Lucas, le président du Comité Afrique du patronat français, le Medef, déclarait que les entreprises françaises « ne sont pas à armes égales » avec les chinoises. Toujours selon lui, « L'Etat chinois vient avec le financement, les entreprises et la main d'œuvre. Il fait un 'package' complet avec des conditions qui sont exceptionnelles ». Cette concurrence pourtant ressemble fort aux pratiques françaises où les aides au développement sont souvent assorties de conditions pour faire travailler les entreprises françaises. Comme le dit un Camerounais bien au fait de ces questions, « Lorsque le ministre français vient distribuer de l’aide, les industriels français attendent dans la pièce d’à-côté pour se partager le gâteau des contrats ! » Il va donc falloir que les entreprises françaises apprennent à se battre contre un adversaire qui utilise les mêmes armes que lui… mais qui est moins cher.
Alexandre Vatimbella
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