Une des priorités de la présidence tchèque de l’Union européenne sera de sécuriser les approvisionnements énergétiques après la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine donc l’Europe a été une victime.
Après une présidence française de l'Union européenne tournée vers le Sud avec le lancement de l'Union pour la Méditerranéenne, l'année 2009 devrait davantage marquer un rapprochement avec l'Est. La présidence tchèque souhaite approfondir son "Partenariat oriental" tandis que la Suède proposera une "Stratégie pour la Baltique", sur le modèle de l'UPM. C'est ce qu'ont annoncé les ambassadeurs de ces deux pays à Paris, mercredi 21 janvier.
La présidence française devait déjà marquer un rapprochement avec la Russie dans le cadre du nouvel accord sur le partenariat stratégique avant que la crise géorgienne n'envenime les relations avec l'Union européenne. "La crise du Caucase n'est pas résolue, on aura du pain sur la planche", a ainsi déclaré Pavel Fischer. Derrière la Russie, c'est toute la question de l'approvisionnement énergétique qui se profile, un sujet rendu brûlant par la crise gazière de ces derniers jours entre la Russie et l'Ukraine. "Si nous continuons à nous faire concurrence dans les approvisionnements, nous deviendrons très fragiles", a mis en garde Pavel Fischer.
Le 7 mai prochain à Prague, un sommet pour le "Corridor Sud" tentera "de résoudre avec la Russie toutes les questions liées à son rôle de fournisseur d'énergie sur les marchés de l'UE", une façon polie de réduire la dépendance à la Russie qui fournit plus de 30% du gaz de l'Union européenne. Le Corridor du Sud, poussé par l'administration américaine vise en effet à promouvoir des réseaux alternatifs et concurrents de ceux de Gazprom. Seulement plusieurs projets sont en concurrence, dont Nabucco le projet de Bruxelles qui vise à relier la Caspienne à l'Europe… via la Géorgie et la Turquie, soit un tracé de 3.300 km. Beaucoup de complications en perspectives pour vouloir à tout prix éviter la Russie. Moscou devrait appuyer de son côté la construction de deux gazoducs, Nord Stream et South Stream, évitant l'Ukraine. Nul doute que la question sera à l'ordre du jour du sommet UE-Russie qui se tiendra lui aussi au mois de mai. La présidence tchèque travaillera parallèlement au développement des interconnexions des réseaux gaziers des pays européens aujourd'hui très disparates. "Il y a aujourd'hui des différences dans les infrastructures qui donnent le vertige", a ainsi déclaré Paval Fischer. Syndrome des pays enclavés ? Il n'a en revanche fait aucune allusion aux autoroutes maritimes pourtant principale alternative au transport terrestre.
Michel Tendil
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