La société de services informatiques indienne Satyam Computer est dans l’œil du cyclone après que son fondateur ait reconnu avoir falsifié les comptes pendant des années et tenté de couvrir récemment l’escroquerie par un rachat fictif d’entreprises appartenant à sa famille.
Ce pourrait être « l’Enron indien » (du nom de la multinationale américaine de l’énergie qui avait falsifié ses comptes pendant des années) selon certains observateurs inquiets de le tournure que prend le scandale Satyam. Ceux-ci estiment que l’image de l’industrie et de la finance indiennes ont été atteints profondément à un moment critique où le pays est à la recherche de capitaux étrangers après le retrait de nombreux investisseurs étrangers du fait de la crise économique et financière mondiale. Ainsi, la quatrième SSII (société de services informatiques) du pays n’était qu’une vaste escroquerie car, depuis des années, son président a gonflé les liquidités de l’entreprise pour un montant d’un milliard de dollars ! Du coup, son président et fondateur avec son frère, Ramalinga Raju, a reconnu cette vaste fraude en s’excusant pour le mal causé et a démissionné dans la foulée en se mettant à la disposition de la justice. Pendant ce temps, le cours de la société chutait de près de 30%.
Rappelons que toute l’affaire a débuté lorsque Satyam a décidé de racheter deux entreprises immobilières, Matyas property et Matyas infrastructure, pour 1,6 milliard de dollars et dont les principaux actionnaires étaient des membres de la famille Raju. Devant le tollé provoqué chez les actionnaires de Satyam par cette décision, celle-ci fut reportée mais une enquête diligentée. Avant que celle-ci n’aboutisse, le PDG de la société a donc reconnu qu’il espérait par cette opération masquer la fraude des comptes. Au même moment, la Banque mondiale avait indiqué qu’elle excluait Satyam de ses fournisseurs pendant huit ans après que des investigations aient montré des problèmes dans son « système de gouvernance ». Ces deux affaires avaient entraîné la démission de la plupart des membres du conseil d’administration de la société et une tentative de la part des frères Raju de vendre leur société par le biais de la banque américaine Merrill Lynch avant que ne soit découvert le pot-aux-roses.
Ce scandale est un coup dur pour tout le secteur des services informatiques indien qui est déjà atteint par la crise économique et financière mondiale et dont l’existence est liée à ses clients étrangers. Certains redoutent une onde de choc particulièrement meurtrière pour ce secteur emblématique de la réussite économique du pays.
Alexandre Vatimbella
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