Dans la troisième édition de l’étude de BCG sur les plus grandes entreprises des pays émergents, dix neuf nouvelles sociétés font leur apparition dans un groupe toujours dominé par les pays du Bric et de plus en plus en concurrence avec les multinationales occidentales et japonaises.
Pour la troisième année, le cabinet international de consultants Boston Consulting Group (BCG) vient de publier son étude sur les cent premières entreprises des pays émergents. Cette nouvelle édition, «The 2009 BCG 100 New Global Challengers », indique que ces entreprises «transforment le paysage concurrentiel mondial par leur expansion rapide et leurs performances remarquables». Reste que la crise économique et financière mondiale a également eu un effet négatif sur leur développement: «si la plupart ont résisté aux pressions, 2008 s'est révélée difficile pour certains en matière de création de valeur et le resserrement du crédit pourrait constituer un obstacle à leur croissance jusque-là vertigineuse». Cependant, les experts de BCG, «si le mouvement est ralenti, il est néanmoins durable, en témoigne les 19 nouveaux challengers qui intègrent le classement et confirment leur capacité à croître rapidement et à acquérir des positions concurrentielles fortes à une échelle globale».
Pour BCG, trois raisons principales sont à l’origine de leur succès:
- Un avantage concurrentiel au départ : un accès privilégié aux marchés en forte croissance ou à de précieuses matières premières, la disponibilité d’une main d’œuvre à bas coût, et une absence de lourdeurs structurelles ou technologiques qui grèvent souvent la compétitivité des entreprises issues des marchés matures;
- l’ambition de devenir leaders mondiaux avec un goût du risque, un coût du capital perçu comme faible, et une bonne protection contre les OPA hostiles, en particulier pour les entreprises contrôlées par un Etat ou une famille;
- une stratégie de croissance exogène rapide, à travers des partenariats relatifs aux technologies ou à la distribution, ou par le biais de fusions-acquisitions internationales (les challengers 2009 du secteur des matières premières ont réalisé en moyenne 9,5 opérations de ce type par entreprise entre janvier 2000 et mi-2008) sans oublier le degré important d’internationalisation de leurs équipes de management, facteur clé de la réussite d’entreprises comme la chinoise Lenovo ou l’indienne Tata.
Voici les principales données fournies par le cabinet de consultant:
- ces 100 entreprises rattrapent rapidement ou ont même déjà dépassé leurs rivales aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon;
- le chiffre d’affaires cumulé des 100 challengers s’élève à 150 milliards de dollars en 2007. Par ailleurs, les 100 challengers ont réalisé au total 88 fusions-acquisitions internationales en 2007;
- les pays d'origine de ces entreprises sont de plus en plus nombreux mais un classement toujours dominé par les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) ; la Chine est en tête, avec 36 entreprises, suivie par l’Inde (20 entreprises), le Brésil (14), le Mexique (7), et la Russie (6); parmi les 19 nouvelles entreprises de la liste, 5 sont issues des pays du Golfe persique, région entrante dans ce classement;
- il existe une réelle diversité en termes de répartition sectorielle: le secteur des matières premières et de la métallurgie est le mieux représenté avec 20 entreprises; la liste inclut également un nombre significatif de représentants de l’industrie agroalimentaire (13), et de constructeurs et équipementiers automobiles (10);
- au-delà de quelques entreprises mondialement connues, comme Lenovo (Chine) ou Tata (Inde), la liste contient aussi des noms moins célèbres, comme Agility (Koweït), l’un des 10 premiers prestataires de services logistiques au monde, ou Dalian Machine Tool Group, le plus important fabricant chinois de machines-outils.
Louis-Jean de Hesselin
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