Les relations entre les Etats-Unis et la Chine se sont tendus après les accusations de Washington sur les pratiques commerciales et monétaires de Pékin qui n’a pas tardé à réagir, réfutant les propos de l’Administration américaine et appelant à ne pas envenimer les relations entre les deux grandes puissances.
Le gouvernement chinois est bien un des seuls à regretter - avec celui de l’Inde grâce à l’accord nucléaire - George W Bush ! Et les bonnes relations qu’entretenaient Hu Jintao et l’ancien président américain pourrait bien nourrir la nostalgie d’une « époque dorée » pour les responsables de Pékin depuis que Barack Obama et son Administration semble vouloir passé à l’offensive contre les pratiques anticoncurrentielles chinoises même si certains observateurs estiment que les deux pays ont des intérêts communs trop importants pour se fâcher dans les circonstances actuelles.
Les Etats-Unis qui connaissent une récession et veulent relancer leur économie avec un plan de 825 milliards de dollars (qui devrait être suivi d’autres mesures au cours de deux années qui viennent) comptent bien ne pas être le dindon de la farce. Ils ne veulent pas que celui permette à la Chine de reprendre ses exportations, destructrice de leur tissu industriel, vers leur marché aidée en cela grâce à toute une série de dispositif d’aides directes ou d’exemptions fiscales pour ses entreprises exportatrices dont beaucoup sont contenues dans le plan de relance chinois de 600 milliards de dollars et, bien sûr, avec une monnaie notoirement sous-évaluée depuis des années. D’autant que la Chine ne compte plus la réévaluer dans les prochains mois malgré ses engagements afin que ses produits demeurent compétitifs. Il faut dire que cela ressemblerait à un suicide pour la Chine avec sa balance commerciale qui se détériore et sa compétitivité qui s’effrite par rapport à d’autres pays à bas coûts.
La question que l’on doit néanmoins se poser est : est-ce que la guerre commerciale entre les deux puissances économiques ne vient-elle pas de commencer ? En tout cas les déclarations semblent en être un prélude si les deux protagonistes ne trouvent pas rapidement un terrain d’entente. Ce sont les Etats-Unis qui ont dégainé les premiers en déclarant par le biais de Barack Obama et de son prochain secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, que Pékin ne jouait pas le jeu en sous-évaluant le yuan. Dans le même temps, les Etats-Unis ont demandé une enquête à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) sur les aides de la Chine à une multitude de ses entreprises dans des secteurs comme le jouet, l’électronique ou la sidérurgie.
Devant ses attaques, le gouvernement chinois n’a pas tardé à répondre. Elle a également demandé une enquête à l’OMC sur les barrières douanières américaines et elle a réfuté les accusations américaines, appelant Washington à plus de retenue. Mais les Etats-Unis ne sont pas la France ni même l’Europe. La Chine sait qu’elle ne fera pas peur au géant américain avec ses menaces et qu’elle joue gros dans cette partie même si elle a des atouts à faire valoir notamment l’énorme montant de bons du Trésor américain qui se trouvent dans ses coffres et qui font vivre à crédit les Américains depuis plusieurs années.
Dans une conversation téléphonique avec la nouvelle secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, Yang Jiechi, le ministre des Affaires étrangères chinois a souhaité que les différends ne l’emportent pas sur la coopération nécessaire entre la Chine et les Etats-Unis. Car si les relations entre les deux pays sont empreintes d’un désir sincère de collaboration, il ne faut pas oublier que des droits de l’homme à Taïwan, des dépenses militaires au Tibet, de la sous-évaluation du yuan au Darfour, les questions conflictuelles sont très nombreuses et ne demandent que quelques étincelles qu’une grave crise économique et financière mondiale est tout à fait susceptible de susciter…
Alexandre Vatimbella
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