Les problèmes démographiques de la Chine sont toujours devant elles. Trop de naissance de garçons et une volonté des couples chinois d’avoir plus d’enfants risquent de mettre définitivement à mal une politique de contrôle des naissances qui fonctionnent déjà mal.
Alors que les autorités chinoises reconnaissent en privé que la politique de l’enfant unique connaît de multiples dysfonctionnements (ainsi dans les campagnes les très nombreux contrevenants sont trop pauvres pour payer les amendes qui ne sont donc jamais recouvrées) et que le trop plein de naissance de garçons continuent de provoquer une déséquilibre très grave de la répartition des sexes (malgré les mesures prises comme l’interdiction d’avortements de fœtus du sexe féminin), ne voilà-t-il pas qu’un sondage dévoile que les Chinois qui ont l’intention d’avoir plus d’un enfant ont fortement augmenté ce qui relancerait le taux des naissances dans un pays qui courrait alors le risque de la surpopulation par rapport à ses ressources alimentaires et ses capacités d’employer une main d’œuvre trop abondante.
Et la Chine tient absolument à ne pas entrer dans une spirale qui a conduit le pays à de nombreuses famines et de nombreuses révoltes tout au long de son histoire. Reste que le fait d’avoir une famille nombreuse est à la fois une nécessité économique et un fait culture en Chine. D’où les fortes résistances à l’application de la politique de l’enfant unique (beaucoup d’enfants ne sont pas déclarés sur les registres des naissances, par exemple). Car si la nécessité économique a disparu, sauf dans les campagnes les plus pauvres, le fait culturel est toujours présent. Rappelons que le taux de progression de la population chinoise est passé de 1,72% par an en 1978 à 0,52% actuellement.
Pour ce qui est des garçons, la tradition chinoise veut que ceux-ci s’occupent de leurs parents lors de leur vieillesse alors que les filles s’occupent des parents de leurs maris. Même si cette situation évolue, beaucoup de filles s’occupent maintenant de leurs parents, la peur de n’avoir personne auprès de soi lors de sa vieillesse incite les Chinois à préférer mettre au monde des garçons devant l’absence de sécurité sociale digne de ce nom avec une assurance maladie délabrée et des retraites pas assez élevées. Ce déséquilibre pourrait, à terme, créer des tensions sociales très fortes sachant que tous les pays qui en ont connu par le passé sont devenus instables et agressifs vis-à-vis de leurs voisins.
Des chiffres inquiétants
Les chiffres que vient de rendre public la Commission d’Etat pour le planning familial sont déjà peu fiables et s’ils indiquent un ralentissement du déséquilibre entre les sexes chez les nouveaux nés depuis 2005, il n’en reste pas moins que les naissances de garçons sont toujours beaucoup plus nombreuses que celles des filles.
Ainsi, les résultats de l’enquête de la Commission dans vingt-huit provinces chinoises montrent que le déséquilibre entre les bébés de sexe masculin et de sexe féminin a diminué dans dix-sept d’entre elles. En revanche, dans sept, le déséquilibre a légèrement augmenté et dans quatre provinces, « le problème reste grave » selon les termes mêmes des autorités. De 2006 à 2008, le ratio garçon-tille a diminué de 2% par rapport à 2005, mais il est encore supérieur au niveau normal, qui est d'environ 103-107 garçons pour 100 filles (les garçons ont un taux de mortalité supérieur lors de la première année de leur existence d’où la nécessité d’une naissance plus grande de bébés du sexe masculin). En effet, il est actuellement de 119 naissances de garçons pour 100 naissances de filles
Au même moment, un sondage indique que 70,7% des femmes on l’intention d’avoir au moins deux enfants. Un chiffre qui a augmenté de près de 8% en cinq ans. De même, 83% des femmes interrogées lors de ce sondage estiment que la famille idéale se compose d’un couple, d’un garçon et d’une fille.
Alexandre Vatimbella
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