Ce sont près de cent milliards d’euros que la Chine compte investir dans les trois ans à venir pour moderniser un secteur qui connaît d’énormes difficultés avec une qualité de soins qui laisse souvent à désirer.
C’est un chantier maintes fois annoncé, maintes fois reporté et essentiel pour la population chinoise. La réforme du système de santé, système en déshérence alors qu’il fonctionnait plus ou moins correctement avant les réformes économiques initiées par Deng Xiaoping voilà trente ans. Un système qui devrait être ainsi capable d’offrir des soins de qualité à toute la population. C’est une priorité pour le gouvernement, à la fois, pour protéger ses concitoyens mais aussi pour permettre à ceux-ci de se libérer d’un poids qui pèse sur la rentabilité des entreprises (du fait d’une population en moins bonne santé) et qui oblige les Chinois à épargner de fortes sommes d’argent en vue de possibles ennuis de santé. Argent qui, bien sûr, n’est pas injecté dans le circuit économique et qui est une des raisons de la difficulté de faire croître un marché intérieur de façon que celui-ci soit le moteur premier de la croissance du pays.
Le gouvernement de Pékin a donc décidé d’investir 96 milliards d’euros au cours des trois prochaines années. Cet investissement devrait fournir à toute la population une base d’assurance santé mais, surtout, permettre aux 400 millions de chinois, selon les chiffres officiels, qui n’ont pas les moyens de se faire soigner de ne plus mourir faut d’accès à un médecin ou à un hôpital. Cette réforme permettra, entre autres, de construire des hôpitaux et d’améliorer le réseau de soins dans les zones rurales.
Dans la troisième édition de l’étude de BCG sur les plus grandes entreprises des pays émergents, dix neuf nouvelles sociétés font leur apparition dans un groupe toujours dominé par les pays du Bric et de plus en plus en concurrence avec les multinationales occidentales et japonaises.
Pour la troisième année, le cabinet international de consultants Boston Consulting Group (BCG) vient de publier son étude sur les cent premières entreprises des pays émergents. Cette nouvelle édition, «The 2009 BCG 100 New Global Challengers », indique que ces entreprises «transforment le paysage concurrentiel mondial par leur expansion rapide et leurs performances remarquables». Reste que la crise économique et financière mondiale a également eu un effet négatif sur leur développement: «si la plupart ont résisté aux pressions, 2008 s'est révélée difficile pour certains en matière de création de valeur et le resserrement du crédit pourrait constituer un obstacle à leur croissance jusque-là vertigineuse». Cependant, les experts de BCG, «si le mouvement est ralenti, il est néanmoins durable, en témoigne les 19 nouveaux challengers qui intègrent le classement et confirment leur capacité à croître rapidement et à acquérir des positions concurrentielles fortes à une échelle globale».
Pour BCG, trois raisons principales sont à l’origine de leur succès:
- Un avantage concurrentiel au départ : un accès privilégié aux marchés en forte croissance ou à de précieuses matières premières, la disponibilité d’une main d’œuvre à bas coût, et une absence de lourdeurs structurelles ou technologiques qui grèvent souvent la compétitivité des entreprises issues des marchés matures;
- l’ambition de devenir leaders mondiaux avec un goût du risque, un coût du capital perçu comme faible, et une bonne protection contre les OPA hostiles, en particulier pour les entreprises contrôlées par un Etat ou une famille;
- une stratégie de croissance exogène rapide, à travers des partenariats relatifs aux technologies ou à la distribution, ou par le biais de fusions-acquisitions internationales (les challengers 2009 du secteur des matières premières ont réalisé en moyenne 9,5 opérations de ce type par entreprise entre janvier 2000 et mi-2008) sans oublier le degré important d’internationalisation de leurs équipes de management, facteur clé de la réussite d’entreprises comme la chinoise Lenovo ou l’indienne Tata.
Voici les principales données fournies par le cabinet de consultant:
- ces 100 entreprises rattrapent rapidement ou ont même déjà dépassé leurs rivales aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon;
- le chiffre d’affaires cumulé des 100 challengers s’élève à 150 milliards de dollars en 2007. Par ailleurs, les 100 challengers ont réalisé au total 88 fusions-acquisitions internationales en 2007;
- les pays d'origine de ces entreprises sont de plus en plus nombreux mais un classement toujours dominé par les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) ; la Chine est en tête, avec 36 entreprises, suivie par l’Inde (20 entreprises), le Brésil (14), le Mexique (7), et la Russie (6); parmi les 19 nouvelles entreprises de la liste, 5 sont issues des pays du Golfe persique, région entrante dans ce classement;
- il existe une réelle diversité en termes de répartition sectorielle: le secteur des matières premières et de la métallurgie est le mieux représenté avec 20 entreprises; la liste inclut également un nombre significatif de représentants de l’industrie agroalimentaire (13), et de constructeurs et équipementiers automobiles (10);
- au-delà de quelques entreprises mondialement connues, comme Lenovo (Chine) ou Tata (Inde), la liste contient aussi des noms moins célèbres, comme Agility (Koweït), l’un des 10 premiers prestataires de services logistiques au monde, ou Dalian Machine Tool Group, le plus important fabricant chinois de machines-outils.
Lors de sa visite à Berlin, le Premier ministre chinois a, une nouvelle fois, nié que son pays voulait protéger ses exportations en sous-évaluant sa monnaie tout en souhaitant que le commerce extérieur de la Chine demeure élevé.
Devant les accusations de manipulation de sa monnaie par les Etats-Unis, la Chine a adopté une stratégie de dénégations tous azimuts. Une nouvelle fois, lors de son escale allemande de sa mini-tournée européenne, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a nié farouchement toute idée de vouloir sciemment sous-évaluer le yuan. "Si l'on considère la situation économique actuelle, nous sommes d'avis que le taux de change du yuan est maintenu à un niveau raisonnable et équilibré", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse en compagnie d’Angela Merkel, la chancelière allemande ajoutant que les variations de la monnaie chinoisen'était "pas la faute de la Chine". Reste que le taux de change actuel du yuan est une aubaine pour les exportations chinoises et Wen Jiabao a souhaité que celles-ci demeurent aussi élevées en 2009 qu’en 2008 expliquant qu’il n’était pas dans les intentions de la Chine de produire d’énormes excédents commerciaux
L’économie russe est dans la tourmente et sera sans doute en récession en 2009. Avec la chute des prix des matières premières, Moscou semble ne plus avoir, pour le moment, les moyens de ses ambitions d’hier.
Parlant au Forum économique mondial de Davos, le Premier ministre russe a indiqué que son pays était prêt à collaborer avec les Etats-Unis, l’Europe et tous les autres pays pour trouver des solutions en vue de résoudre la crise économique et financière mondiale. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être isolationnistes et égoïstes » a ainsi déclaré Vladimir Poutine promettant dans la foulée que la Russie ne prendrait pas de mesures protectionnistes en érigeant des barrières commerciales qui ne feraient qu’aggraver la crise.
Même si ces propos ne sont pas nouveaux dans la bouche des autorités russes, il semble qu’ils ne soient plus de simples figures de rhétoriques mais procèdent dorénavant d’une réelle volonté de coopération. Il faut dire que l’économie du pays est en train de sombrer bel et bien avec une forte récession qui se profile pour l’année 2009, le FMI (Fonds monétaire international) l’ayant chiffré à une perte de PIB de l’ordre de 0,7% tout en estimant que la situation pourrait être encore plus mauvaise dans quelques mois. Le prix des matières premières ont en effet connu une chute vertigineuse et ne permettent plus à Moscou de financer son développement. Alors que le gouvernement avait remboursé sa dette extérieure il y a deux ans, le nouveau budget de l’Etat est en déficit pour la première fois depuis des années. De plus, le rouble est dans une tempête, attaqué de toute part et la Banque centrale russe est obligée de le dévaluer de fait toutes les semaines ou presque. Sans oublier une montée du chômage et une fuite des capitaux.
Vladimir Poutine a également indiqué que son gouvernement n’avait aucunement l’intention d’intervenir dans l’économie à la manière de l’Union soviétique d’antan et qu’il n’interfèrera pas dans la sphère du privé même s’il a mis au point un plan de 50 milliards de dollars pour aider les entreprises russes.
Enfin, le premier ministre de Russie a indiqué que son pays souhaitait mettre en place une vraie politique de sécurité des approvisionnements énergétiques de l’Europe suite au différend russo-ukrainien qui a provoqué une crise énergétique pendant plusieurs semaines fin 2008 et début 2009.
Invité pour ouvrir le désormais traditionnel Forum économique de Davos, le premier ministre chinois a avoué que la Chine était frappée par la crise et il a réclamé dans la foulée une refonte du système économique de la planète.
La Chine n’en démord pas : même si elle est touchée par la crise économique et financière mondiale, elle aura une croissance de 8% en 2009. Ce chiffre (un porte-bonheur dans la culture chinoise) qui lui permettrait d’amortir les effets de la crise, laisse pourtant sceptiques la plupart des observateurs mais aussi les organismes internationaux qui, tel le FMI, prévoient une croissance bien en-dessous, aux alentours de 7% (6,7% pour les dernières prévisions du Fonds monétaire international).
En tout cas, ces 8% ont encore été au cœur de l’intervention de Wen Jiabao lors de son discours d’ouverture du Forum économique mondial de Davos en Suisse. Car ces 8% permettent en plus au gouvernement chinois, en tant que bon élève de la classe, de se tresser quelques couronnes d’autosatisfaction sur sa capacité à être «responsable», de demander un «nouvel ordre économique mondial» avec plus de régulation, de fustiger les pays irresponsables qui ont vécu «au-dessus de leurs moyens» et de demander aux pays riches de mettre la main au portefeuille…
Cette leçon de morale économique de la part d’un gouvernement qui manipule sa monnaie, qui a contribué à permettre aux « irresponsables » (sous-entendu les Etats-Unis) de vivre à crédit et au-dessus de leurs moyens, dont des milliers d’usines (dont beaucoup ont vendu des produits de mauvaise qualité voire dangereux) ont récemment fermé faisant des millions de chômeurs en plus et qui n’a pas assez investi dans le développement de son marché intérieur est, à la fois, comme toutes les leçons de ce genre d’où qu’elles viennent, présomptueuse et dérisoire. De même que l’affirmation par Wen Jiabao que le salut de l’économie mondiale pourrait venir de la Chine. Pour cela, il faudrait qu’elle ouvre totalement son marché aux importations et qu’elle arrête de subventionner largement ses exportations, ce qui n’est pas dans ses intentions, loin de là.
Evidemment, il est compréhensible que le Premier ministre chinois soit venu délivrer un discours rassurant sur la situation de son pays à destination d’interlocuteurs étrangers mais aussi de son peuple au moment où une crise sans précédent frappe l’économie mondiale. Et l’on voudrait croire que la Chine pourrait être le moteur d’une croissance retrouvée grâce à sa «solidité» vantée par Wen Jiabao à Davos qui n’a pas hésité à ajouter que «La Chine reste sur les rails d'un développement régulier et rapide». Mais, malheureusement, il ne s’agit pas simplement de croire mais de constater que la situation de la Chine s’est dégradée très rapidement depuis trois mois. Au mois d’octobre, ce discours avait encore une légitimité qu’il a perdue depuis. Reste que l’incertitude dans laquelle se trouve l’économie mondiale peut aussi apporter de bonnes nouvelles. Mais peu d’experts osent parier sur une telle éventualité…