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lundi 8 décembre 2008

CHINE-INTERNATIONAL. « La Chine a plus besoin de l’Afrique que l’Afrique a besoin d’elle »


Lors d’un séminaire organisé par l’IFRI, des économistes chinois sont intervenus pour donner la vision de la Chine des relations sino-africaines au moment où celles-ci traversent dans plusieurs pays du continent noir des phases critiques.


Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, tel a été le message de Nu Weizhong, professeur à l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, sur l’état des relations entre la Chine et l’Afrique lors du séminaire « La Chine en Afrique : assistance, investissements et politique », organisé par l’IFRI (Institut français des relations internationales) qui s’est tenu aujourd’hui à Paris. Un partenariat gagnant-gagnant, selon lui, où les pays africains ne sont pas lésés puisqu’ils ne subissent pas les mêmes contraintes qu’avec leurs anciens colonisateurs qui n’ont comme but que de se servir en Afrique. Une vision idyllique propagée par les autorités chinoises qui présentent ce partenariat comme exemplaire entre « le plus développé des pays en développement » et les autres pays en voie de développement, façon de faire revivre une sorte ce club des pays non-alignés des années soixante-dix. Mais une version qui a de plus en plus de mal à coller avec la réalité.

Car Nu Weizhong a quand même expliqué que « la Chine a plus besoin de l’Afrique que l’Afrique a besoin d’elle ». Et cette formule, au détour de ce panorama si harmonieux, en disait plus long que tout les discours. Car si la Chine a bien été accueillie avec un grand espoir par tous les pays africains qui attendaient beaucoup de l’Empire du Milieu et de son discours de partenariat à égalité, beaucoup, notamment au niveau de la population, déchantent actuellement. Car les pratiques économiques et sociales n’ont malheureusement rien à envier à celles des anciens colonisateurs quand elles ne sont pas pires, les produits chinois à bas prix permettent bien aux Africains de pouvoir les acheter mais ont aussi comme contrecoup de détruire le tissu des entreprise locales, l’arrivée de nombreux chinois provoquent des sentiments et des actions xénophobes, les matières premières sont pillées comme elles l’étaient par les pays occidentaux. Du coup, ces derniers mois, les émeutes antichinoises se sont multipliées. Pire, des attentats et des meurtres ont été commis contre des ressortissants chinois. Et, pour les spécialistes de l’Afrique, les choses pourraient empirer au grand dam des autorités chinoises qui n’avaient pas imaginé un tel scénario.

Car la compréhension des Chinois de l’Afrique semble parfois manquer de perspicacité. Ainsi, comme l’a raconté pour s’en étonner, la chercheuse He Wenping, de l’Académie chinoise des sciences sociales de Pékin, un officiel soudanais lui avait expliqué qu’il ne comprenait pas pourquoi les Chinois construisaient tant de routes au Soudan alors qu’il n’y avait pas de voitures pour rouler dessus ! Pour une chinoise formée aux investissements en infrastructures au détriment des investissements dans la consommation, c’est vrai qu’il s’agissait là d’un autre monde.

Reste que comme l’a rappelé plus prosaïquement Liang Guining, du ministère du Commerce chinois, l’Afrique est une priorité économique pour les autorités chinoises qui développent des aides et des conditions financières particulièrement attrayantes pour les entreprises qui veulent s’y installer. D’où la mise en place de la politique du « going-out » depuis 1991 pour encourager certaines entreprises chinoises d’aller s’implanter en Afrique, plus particulièrement celles des secteurs de l’agriculture, de bien manufacturés, des infrastructures et des ressources naturelles. Que la Chine cherche la même chose que les autres pays, son intérêt, quand elle investit dans un pays étranger, fut-il en Afrique, n’a rien de déshonorant. Encore faut-il le reconnaître…


Alexandre Vatimbella

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