Les dirigeants chinois ne se sont pas bercés longtemps d’illusion sur la solidité de leur économie et ont décidé de répondre rapidement et fortement à la crise mondiale qui commençait à plomber l’économie du pays. C’est une somme de près de 600 milliards de dollars qui sera affectée au soutien de la croissance.
Ces derniers jours, les analystes annonçaient que la crise économique n’épargnerait pas la Chine, bien au contraire. Même si aucun ne prédisait une récession, beaucoup estimaient que la croissance pourrait tomber en-dessous du seuil fatidique des 8% absolument nécessaire pour permettre à l’économie d’absorber les nouveaux venus sur le marché du travail et permettre le développement du pays. Le gouvernement de Beijing avait, dans un premier temps, répondu que la crise ne devrait pas affecter fortement les fondamentaux du pays. Mais cette position est devenue petit à petit intenable avec un marché immobilier atone, un marché financier sinistré, une baisse de la production, des milliers de fermetures d’usine, de très nombreux licenciements et des conteneurs pleins qui ne trouvaient pas preneur en Occident. Le mérite des autorités a été de rectifier rapidement le tir. Après plusieurs mesures ponctuelles, comme les baisses répétées des taux d’intérêts, des mesures fiscales incitatives, des baisses d’impôt ou l’injection de sommes dans certains secteurs économiques comme récemment les PME ou les chemins de fer, elles ont donc annoncé hier un plan de grande ampleur de 4.000 milliards de yuans, soit 586 milliards de dollars et 400 milliards d’euros.
Ce plan de relance doit stimuler la demande intérieure afin que celle-ci prenne vraiment le relais d’exportations en berne. Pour cela, ce sont des mesures keynésiennes qui ont été mises au point avec une augmentation des dépenses publiques notamment dans les infrastructures pourtant déjà privilégiées en Chine. Comme l’explique le communiqué de presse publié par le Premier ministre, Wen Jiabao, « La Chine a décidé d'adopter une politique budgétaire active et de relâcher modérément sa politique monétaire afin d'encourager une croissance économique rapide mais soutenue, en renforçant la demande intérieure ». Bien évidemment, ce plan de relance est possible grâce au formidable excédent de ma balance commerciale chinoise qui a permis de constituer un énorme pactole de devises dont une partie va être injectée dans l’économie. Ces 586 milliards de dollars représentent environ 7% du PIB du pays.
L’annonce de ces mesures a été bien accueillie notamment par les places financières asiatiques et plus particulièrement les bourses chinoises. Ainsi, l’indice Composite de la Bourse de Shanghai a gagné 7,27% ce lundi alors que l’indice Hang Seng a gagné dans le même temps 3,52%
Alexandre Vatimbella
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