Il y a seulement quelques jours encore, l’Inde se voyait passer à travers la crise économique qui frappe l’ensemble du monde. Mais tout comme la Chine elle n’y échappera pas. Reste à savoir qu’elle sera l’ampleur du ralentissement.
Manmohan Singh ne peut plus nier que la crise mondiale n’épargnera pas son pays comme il le faisait encore il y a peu mais y croyait-il vraiment ? En tout cas, dans un discours prononcé devant le Parlement indien il a ainsi très explicitement reconnu que le pays allait faire face à des problèmes économiques : "Nous devons nous préparer à un ralentissement temporaire de l'économie. (…) La crise financière et le ralentissement économique devraient avoir un impact indirect sur l'économie indienne. (…) L'impact exact est difficile à évaluer compte tenu des incertitudes sur l'ampleur et la durée du ralentissement mondial". Voilà bien un changement de ton même si le Premier ministre indien a ajouté qu’il n’y avait aucune raison "d’avoir peur" et que "Nous ferons tous les efforts pour minimiser les effets négatifs de la crise financière et dès que la situation internationale se stabilisera, nous reprendrons notre trajectoire vers un taux de croissance de 9%". Car, selon lui, la croissance pourrait descendre à 7% pour l’année budgétaire en cours qui s’achèvera en mars 2009 comme certaines études le laisse présager contre plus de 8% l’année dernière.
De son côté, la Reserve Bank of India, la banque centrale du pays, a décidé de baisser un autre de ses taux d’intérêt, celui qui est attaché au repo, le prêt à court terme surtout utilisé par la banque centrale pour prêter de l’argent aux établissements bancaires. Celui-ci passe de 9% à 8%. Il s’agit une vraie révolution puisque la banque centrale se voulait, jusqu’il y a encore quelques semaines, la garante de la stabilité des prix devant une inflation qui risquait d’entraîner le pays dans une spirale inflationniste. Aujourd’hui, point de menace inflationniste mais une menace d’un fort ralentissement économique car l’incertitude est dorénavant de mise, comme en Chine, sur les capacités de résilience du système économique indien. Et il ne faudrait pas que la croissance soit encore une fois révisée à la baisse tant la santé économique du pays repose sur une croissance élevée. Du coup, les mêmes qui prévoyaient que le XXI° siècle serait le siècle de la Chine mais aussi de l’Inde affirment maintenant que le miracle des deux géants asiatiques est peut-être déjà derrière eux. On verra d’ici quelques semaines si leur nouvelle prévision est vraisemblable ou non…
Alexandre Vatimbella
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