Manmohan Singh et Wen Jiabao se sont rencontrés à New York lors de l’Assemblée générale de l’ONU alors que la crise financière menace l’économie mondiale et que l’Inde reste mécontente de l’attitude de la Chine face à l’accord nucléaire qu’elle a signé avec les Etats-Unis.
Les belles déclarations d’amour entre la Chine et l’Inde sont devenues monnaie courante lors des rencontres entre les responsables politiques des deux pays. Celle entre Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, et Manmohan Singh, son homologue indien, à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, n’a évidemment pas dérogé à la règle. Les deux dirigeants ont rappelé combien la coopération entre les deux pays était importante et ont promis qu’ils allaient l’étendre. De chaque côté on s’est traité de partenaire privilégié et on a rappelé une énième fois que l’union des deux pays auraient un poids significatif sur le développement et le devenir de la planète. Le Premier ministre indien s’est même permis de remercier la Chine pour son attitude positive lors des discussions de Vienne à propos de l’accord nucléaire Inde-Etats-Unis où les pays du NSG (Nuclear Suppliers Group) ont donné leur autorisation à l’Inde de pouvoir acheter du combustible et des technologies pour son nucléaire civil. Pourtant, c’est bien là que les tensions traditionnelles entre les deux pays viennent à nouveau de se cristalliser. Car la Chine a été le principal opposant de dernière minute à cet accord et que seule une intervention énergique de George W Bush auprès du Président chinois Hu Jintao a permis de débloquer le véto de ce dernier.
En outre, c’est vrai, les développements économiques des deux pays et leurs fortes croissances sont, pour l’instant, complémentaires, la Chine étant devenue « l’usine du monde » et l’Inde « le bureau du monde ». Mais cela ne devrait pas durer puisque la Chine a décidé d’investir le marché des services et de concurrencer l’Inde sur ce terrain alors que cette dernière fait monter en puissance son industrie et commence à récupérer des activités industrielles qui quittent la Chine dont les coûts de production ont fortement augmenté ces deux dernières années. A terme, la concurrence entre les deux géants asiatiques devrait donc devenir beaucoup plus brutale et sauvage.
Sans oublier que la Chine et l’Inde n’ont toujours pas régler leurs problèmes frontaliers même si un statu quo existe depuis de nombreuses années sans reconnaissance officielle de celui-ci. En réalité, ce ne sont pas les belles envolées lyriques sur l’amitié sino-indienne qui sont importantes mais bien ce qui se passe sur le terrain. Les prochaines années seront, de ce point de vue, cruciales surtout si le gâteau économique mincit sous fond de crise mondiale et qu’il faudra donc se battre pour en avoir une part conséquente cruciale pour le développement des deux pays.
Alexandre Vatimbella
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