INDE-ENERGIE. L’accord nucléaire avec les Etats-Unis fait voler en éclats la coalition gouvernementale
Après des mois et de mois de menaces, les partis de gauche ont décidé de quitter la coalition gouvernementale pour protester contre le futur accord nucléaire entre l’Inde et les Etats-Unis mais le gouvernement ne devrait pas être renversé.
Le Parti communiste indien et les partis de gauche alliés au Parti du Congrès dans la coalition parlementaire qui soutient le gouvernement viennent de décider de ne plus soutenir ce dernier à partir d’aujourd’hui et espère faire tomber le gouvernement pour provoquer des élections législatives anticipées. Ce retrait était prévisible encore que la date demeurait aléatoire puisqu’il était lié à la décision concrète du gouvernement de ratifier l’accord sur le nucléaire avec les Etats-Unis.
En effet, l’Inde doit absolument augmenter sa production énergétique pour pouvoir faire face à sa croissance économique. Déjà lourdement pénalisée avec des infrastructures électriques déficientes et des coupures de courant multiples, le pays va devoir construire de nombreuses centrales nucléaires pour pouvoir pérenniser son développement. Or, la seule voie est de signer cet accord négociée en 2005 avec le président américain George W. Bush, qui lui permettra d’avoir accès à la technologie occidentale et à l’approvisionnement en combustible comme l’uranium, ce qui n’est guère possible actuellement vu que l’Inde ne respecte pas les accords internationaux de non-prolifération de l’arme atomique. L’accord avec les Etats-Unis (en fait avec la communauté internationale) est de permettre cette ouverture en contrepartie d’un contrôle pour que cette technologie et cet uranium ne servent pas à des fins militaires. Un accord très bénéfique pour l’Inde mais qui est combattu avec ferveur par les nationalistes du BJP (opposition) et par la gauche, dont le Parti communiste.
Mais, pour Manmohan Singh, le Premier ministre indien, c’est un impératif et l’approche des élections ainsi que l’absolue nécessité d’une ratification rapide (le processus sera ensuite long puisqu’il inclut des accords avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et avec les 45 pays du Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG)) l’oblige à accélérer le processus politique d’où le clash avec ses alliés de gauche. Néanmoins, cela ne devrait pas faire tomber le gouvernement qui a trouvé un allié de remplacement dans un accord avec un parti régional qui devrait lui assurer une majorité au Parlement.
Prakash Karat, le leader du Parti communiste, a déclaré que le "temps est venu" pour la gauche de quitter la coalition après la décision du Premier ministre de mettre en œuvre l'accord sur le nucléaire. "Nous avons demandé à être reçus par le président pour formellement retirer notre soutien demain", a-t-il ajouté. De son côté, le Parti du Congrès a reproché à la gauche d'avoir mal choisi le moment pour retirer son soutien à la coalition, alors que le Premier ministre Singh participe au G8 au Japon.
Alexandre Vatimbella
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