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lundi 7 juillet 2008

EMERGENTS-INTERNATIONAL. Faut-il ouvrir le G8 à la Chine, l’Inde et le Brésil ?


Alors que les pays du G8 se réunissent au Japon, la question de l’intégration des trois pays du Bric (la Russie étant déjà membre) se pose ainsi que celles de l’Afrique du Sud pour transformer ce groupe en G13. La France y est favorable, les Etats-Unis très hésitants.


Le G-8 est un groupe de pays qui regroupe les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume Uni, la France, l’Italie, le Canada et la Russie. Il est censé rassembler les huit démocraties les plus riches et les plus industrialisées du monde. Reste que depuis sa création par Valéry Giscard d’Estaing en 1975, le monde a changé et le club ne représente plus, au niveau économique, la réalité de la puissance des pays. Car les huit ne représentent plus que 58% de l'économie mondiale, contre 65% en 1997, selon le Fonds monétaire international (FMI). L'élargissement du G-8 aux pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l'Afrique du Sud devrait donc se faire naturellement selon certains. Mais leur intégration fait débat au sein des pays membres, la France et la Grande-Bretagne, y voyant une indispensable reconnaissance de l'évolution économique mondiale, d'autres craignent la dilution.

"Il n'est pas raisonnable (...) de se réunir à huit pour régler les grandes questions du monde en oubliant la Chine -1,3 milliard d'habitants-, l'Inde -1 milliard d'habitants-, en n'ayant aucun pays arabe, aucun pays africain et aucun pays de l'Amérique latine", estime Nicolas Sarkozy qui ajoute : "si on veut la paix et le développement pour le monde, il faut que tout le monde soit invité". Avec le Premier ministre britannique Gordon Brown, il plaidera donc pour l'élargissement du G-8 aux cinq pays émergents (G13). Ce ne serait pas la première fois que le groupe s'adapterait. Originellement G6 (Etats-Unis, Royaume Uni, France, Allemagne de l’Ouest, Italie et Japon), il a intégré le Canada en 1976 puis la Russie en 1997. De même, les vingt-sept pays membres de l'Union européenne sont désormais représentés par le biais du Président de la Commission de Bruxelles. Sans parler des pays invités (vingt-deux cette années au Japon) pour participer à certaines réunions.

Et l'économie de la Chine plaide évidemment pour son entrée. Evaluée à 3.400 milliards de dollars (2.164 milliards d'euros), elle est devenue la quatrième du monde, derrière l'Allemagne, dépassant celle de plus de la moitié des membres du G-8. Le Brésil arrive au dixième rang, derrière le Canada, mais devant la Russie. Et derrière la Russie se trouve l'Inde. Selon des projections, en 2050, les plus grandes économies du monde devraient être celles des Etats-Unis, de la Chine, de l'Inde, du Japon, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de la Corée du Sud, alors quecelles de l'Italie et de la Russie auront quitté le Top 10. "Quand vont-ils passer du G-8 au G-13? Aucun des problèmes actuels ne peut être réglé sans la participation de pays comme la Chine, l'Inde, le Mexique, le Brésil et l'Afrique du Sud", estime Lael Brainard, du think tank américain, le Brookings Institute. En outre, la Chine et l'Inde comptent en outre parmi les plus grandes puissances militaires et les plus fortes populations du monde. Par ailleurs la Chine est devenu le premier pollueur mondial et doit donc être associée aux décisions pour que celles-ci soient plus efficaces.

Reste que le problème de se réunir de plus en plus nombreux ôte toute véritable discussion lorsque les temps de parole sont, mécaniquement, de plus en plus limités (ce qui se passe désormais lors des Conseils européens avec vingt-sept interventions). De plus, le G8 est sensé représenter des pays démocratiques, ce que n’est pas la Chine ainsi que les pays arabes qui pourraient également y entrer dans les années à venir. Cette dernière objection est la principale pour ceux qui veulent garder l’esprit qui a présidé à la création du G8, la réunion de pays démocratiques et économiquement développés. L’esprit contre l’efficacité ou l’efficacité de l’esprit contre la dilution par le nombre ? La question est posée.


Alexandre Vatimbella et Louis-Jean de Hesselin
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