Et si les pays émergents explosaient ?
La grande crainte des analystes, spécialistes et autres experts en tout genre est la prochaine explosion que pourraient connaître les pays émergents sous la pression d’une inflation record, due à la hausse du prix du pétrole et celui des denrées alimentaires, couplée avec un ralentissement de la croissance, c’est-à-dire à une sorte de stagflation, encore que les chiffres de la croissance de ces pays demeurent encore élevés pour qu’on puisse parler de stagflation (inflation élevée et croissance atone qui sont « économiquement » antinomiques mais qui, parfois, vont de pair…).
Et les leaders des pays développés commencent à craindre ce scénario du pire qui verrait, dans un premier temps, les populations des pays émergents et en voie de développement se révolter contre leurs gouvernements – les pays démocratiques, les plus « faibles », étant touchés les premiers – avant que ces gouvernements se retournent contre les pays développés mais aussi contre les autres pays tout autant responsables de leurs malheurs ou supposés responsables, les pays producteurs de pétrole. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut analyser la décision de l’Arabie Saoudite d’augmenter de 200.000 barils par jour la production de son pétrole (c’est le seul pays producteur capable d’augmenter sa production actuellement). Déjà, le Pakistan mais aussi le Maroc, deux pays musulmans, ne peuvent plus payer leur facture pétrolière et il serait de mauvais goût pour un pays qui se veut leader du monde musulman de les enfoncer dans une récession et des explosions de violence. Sans oublier que l’Arabie Saoudite ne peut, non plus, mécontenter les Etats-Unis sur le long terme. A noter que le Koweït, les Emirats Arabes Unis et Abu Dhabi ont décidé, eux aussi, de réagir.
Cette crise énergétique et alimentaire va-t-elle produire de l’instabilité ingérable (rappelons que des émeutes de la faim mais aussi contre le pétrole cher ont déjà eu lieu dans de nombreux pays depuis le début de l’année) ? C’est possible encore que ce scénario catastrophe ne s’est pas encore produit et que la situation difficile que l’on connaît actuellement pourrait évoluer positivement dans les semaines à venir avec une baisse de la consommation de pétrole couplée avec une augmentation de la production qui stabiliserait les prix à défaut de les faire baisser pour l’instant, accordant un certain répit, avec, dans le même temps, de bonnes nouvelles venant des prochaines récoltes puisque la Chine et l’Inde ont parlé dans ce domaine de « records ». Mais, évidemment, les mauvaises nouvelles pourraient aussi venir d’un pétrole de nouveau à la hausse, notamment par la faute de spéculateurs et de soif inextinguible d’économies développées et émergentes, et de récoltes difficiles dues aux inondations que subissent actuellement, entre autres, la Chine et les Etats-Unis. D’autant que résoudre la crise pétrolière et la crise alimentaire ne résoudrait pas forcément la crise financière mondiale même si le FMI vient d’annoncer que l’économie américaine ne connaîtrait sans doute pas de récession cette année et que son redémarrage pourrait se produite dès le début 2009.
Reste que la crainte des gouvernements de la planète se nomme, pour dire les choses comme elles sont, la guerre. Car l’instabilité intérieure de nombreux pays pourrait se muer en ressentiments vis-à-vis de l’extérieur et conduire à des conflits régionaux puis… Mais tout ceci est encore de la politique fiction. Pour combien de temps ?
Alexandre Vatimbella
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